
La pièce That's What I Like marque le retour de Bruno Mars à son style rétro et R&B. «Des bijoux en or qui brillent de tous feux / Du champagne à la fraise sur glaçons / Tu as de la chance, c'est ce qui me plaît», dit-il notamment dans cette chanson en forme d'invitation à l'amour.
— Andy
Appuyé par des théories scientifiques en musicologie, le fruit de leur recherche a fait l'objet d'une conférence au 3e colloque étudiant de l'Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique, qui s'est tenu sur le campus à la fin avril. Le 29 mai, ils feront à nouveau leur présentation, cette fois à l'Université de Régina durant un congrès de l'International Association for the Study of Popular Music.
Issu de l'album 24K Magic, That's What I Like est une chanson dans laquelle Bruno Mars tente de séduire une femme. En analysant les paroles, les étudiants ont découvert que le personnage adopte tour à tour trois attitudes: l'arrogance, la séduction et la vulnérabilité. Ils ont ensuite étudié comment ce changement de comportement se reflète dans sa voix, dans la mélodie et dans les effets technologiques de la pièce, comme les arrangements vocaux et les effets d'écho ou de réverbération.
Conclusion? Tout a été savamment orchestré par l'artiste. «Ce n'est pas un hasard si Bruno Mars utilise tel registre de voix, telle note ou tel type de mélodie. Chacun de ces éléments sert à véhiculer une émotion ou une attitude par son personnage. L'analyse des paroles et de la musique permet de tisser plusieurs liens. Tout s'emboîte», affirme Jérémi Gendron.
Selon les étudiants, Bruno Mars fait preuve d'arrogance dès les premiers couplets de la chanson. Avec un style déclamatoire, le chanteur décrit sa fortune en utilisant une voix «plus parlée». Quand il est question de séduction dans les pré-refrains et les refrains, il utilise une mélodie plus expressive, qui se traduit notamment dans les valeurs rythmiques et l'ambitus. Lorsqu'il comprend que sa dulcinée n'en a cure de ses richesses, le personnage devient plus vulnérable. Une tension se fait alors entendre dans sa voix. «Il répète les mêmes paroles, mais en utilisant une mélodie plus travaillée et un registre de voix plus élevé ou forcé. Pour celui qui écoute la pièce, c'est beau, c'est mélodieux, mais cette différence sert à montrer l'évolution du personnage», indique Jacqueline Fortier.
Autre élément qu'ils ont constaté et qui pourrait faire l'objet d'une analyse plus poussée: les attitudes d'arrogance et de séduction ne sont pas propres à la pièce That's What I Like. On les retrouve aussi dans d'autres chansons, comme Chunky et 24K Magic. On peut donc supposer que les stratégies employées par le roi de la pop pour véhiculer des émotions sont récurrentes dans l'album, voire dans sa discographie.
Avec leur recherche, les étudiants espèrent détruire un préjugé qui colle à Bruno Mars et à ses semblables: celui que ces artistes ont une approche uniquement mercantile et non créative. «La musique pop est beaucoup plus complexe qu'elle n'y paraît. Ce n'est pas parce qu'elle joue à la radio et qu'elle est destinée au grand public que le processus de création est simple. Il y a un intérêt à l'étudier en contexte universitaire», insiste Charlotte Bonneau-Crépin. «En effectuant cette recherche, je me suis rendu compte qu'il y a autant de travail qui a été fait pour That's What I Like que pour un concerto de Bach. Des gens reprochent souvent à la musique populaire d'être répétitive, de toujours reposer sur les mêmes accords, mais il y a tellement d'autres éléments qui valent la peine d'être analysés!», conclut Jérémi Gendron.