
Après bien des péripéties, Don Quichotte retourne chez lui et finit par retrouver la raison, ayant abandonné la lecture des romans de chevalerie qu'il aimait tant, mais qui le rendait fou. Il meurt, entouré de l'affection des siens.
— Dessin de Gustave Doré, tiré de l'édition Hachette de 1869.
Emilia Ines Deffis, professeure au Département des littératures, est la commissaire de l'exposition. «En 2005, cela faisait 400 ans que la première partie du roman avait été publiée, raconte Emilia Ines Deffis. Nous avions alors organisé un colloque international sur les influences qu'avait eu Don Quichotte sur le roman européen. C'est à cette occasion que nous avons découvert que la Bibliothèque possédait une collection de 200 ouvrages de Don Quichotte, que ce soit des traductions ou des éditions du roman.»
Grâce à une sélection d'éditions rares et précieuses de Don Quichotte (dont une édition anglaise de 1749), l'exposition nous plonge dans l'univers de ce roman, qui a remporté un immense succès dès sa mise en vente dans les boutiques de Madrid le 16 janvier 1605. Traduite en plusieurs langues, l'histoire raconte les aventures d'un Alonso Quichano, un noble appauvri obsédé par les livres de chevalerie, qu'il collectionne dans sa bibliothèque de façon maladive. Hanté par ses lectures, ce grand rêveur devant l'Éternel en vient à se prendre pour le chevalier errant Don Quichotte, dont la mission est de parcourir l'Espagne pour combattre le mal et protéger les opprimés. Monté sur son vieux cheval Rossinante, il prend la route avec son fidèle écuyer Sancho Panza. À la fin du deuxième volume, après bien des péripéties, Don Quichotte retourne chez lui et finit par retrouver la raison, ayant abandonné la lecture des romans de chevalerie qu'il aimait tant, mais qui le rendait fou. Il meurt, entouré de l'affection des siens.
«Don Quichotte est un véritable trésor littéraire, une oeuvre universelle, souligne Emilia Ines Deffis. Cervantes est âgé de 58 ans quand il publie la première partie du roman. Il s'agit d'un texte qui révolutionne le panorama narratif en remettant en question les limites entre la fiction et la réalité. D'ailleurs, beaucoup le considèrent comme le premier roman moderne.» Ce héros solitaire, qui refuse de voir la vie telle qu'elle est, a inspiré quelques grands noms de la philosophie et de la psychanalyse, comme Nietzsche et Freud. Des écrivains tels Flaubert, Dickens, Dostoïevski, Joyce, Kafka, Garcia Marquez et Carlos Fuentes ont vu en Don Quichotte un texte fondateur de la littérature.
Si la visite de l'exposition vous incite à lire ou à relire ce grand classique, les organisateurs de cette exposition auront atteint leur but. En attendant, il faut réécouter La Quête, dans laquelle éclate toute l'espérance – ou la désespérance - de l'homme de la Mancha.