
Philippe Grégoire du Département de finance, assurance et immobilier de la Faculté des sciences de l'administration.
— Marc Robitaille
Ce sont là quelques-uns des résultats d’un sondage en ligne réalisé auprès de 316 étudiantes et étudiants de l’Université. L’étude a été menée par le professeur Philippe Grégoire, du Département de finance, assurance et immobilier, Christian Jacques, professionnel de recherche à l’École de psychologie, et Martin Matte-Thibault, inscrit à la maîtrise en sciences de l’administration.
«Nous avons exploré les liens qui existent entre l’aversion au risque, l’aversion à la perte d’argent et le rapport à l’argent, explique Philippe Grégoire. Notre échantillon a répondu à trois questionnaires en ligne. La plupart étaient de jeunes adultes à faible revenu. Près de 40% étaient des hommes.» Les chercheurs ont réparti les répondants en quatre catégories selon leur rapport à l’argent. Ce sont l’«obnubilé», l’«insouciant», le «rationnel» et le «méfiant». Le plus grand nombre de répondants se situe dans la dernière catégorie avec 29%. Les obnubilés représentent 22%, les insouciants, 23% et les rationnels, 25%.
«Les obnubilés sont ambitieux et prêts à mettre beaucoup d’efforts pour s’enrichir, indique Philippe Grégoire. Les insouciants veulent de l’argent, mais ils gèrent mal leur budget. Les rationnels comprennent que s’ils prennent de bonnes décisions, ils vont réussir. Enfin, les méfiants trouvent que l’argent est mal, qu’il cause bien des problèmes et que moins il intervient dans notre vie, mieux on se porte.»
L’analyse du sondage révèle, entre autres, que les obnubilés accordent le plus de valeur aux éléments de succès et de motivation, ainsi qu’au budget. Les rationnels accordent aussi un grand prix au budget, mais pas à l’aspect motivationnel de l’argent. Les insouciants sont ceux qui accordent le moins d’importance au budget. Enfin, les méfiants considèrent le moins les éléments de succès et de motivation rattachés à l’argent.
Selon Philippe Grégoire, la représentativité des individus ayant le profil rationnel soulève une question de fond pour les services en finances. En effet, les modèles économiques se servent du profil de l’individu rationnel pour illustrer le comportement de l’ensemble de la société. Selon l’étude, ce profil ne rejoint toutefois que le quart des répondants. «Un conseiller financier devrait poser bien des questions à son client relatives à la tolérance au risque afin de bien définir son profil d’investisseur, précise le professeur. Or, les outils disponibles ne donnent qu’un portrait général de l’individu. Cela ne permet pas de comprendre comment les gens vont se comporter en situation de perte, par exemple après une correction boursière de 20%.»
Les répondants au sondage ont rempli un questionnaire sur la tolérance au risque. Plusieurs des 15 questions posées constitueraient une intéressante base pour définir un profil d’investisseur. Par exemple: comment votre meilleur ami vous décrirait-il comme preneur de risques? Ou encore: vous héritez de 100 000$ à condition d’investir le montant dans un compte d’épargne, un portefeuille de 15 titres boursiers ou une valeur refuge comme l’or. Que faites-vous?
«Selon les questions posées habituellement par les conseillers financiers, raconte Philippe Grégoire, j’aurais le profil de l’investisseur prudent. Dans les faits, c’est tout le contraire, je suis audacieux, même ambitieux!»