Au terme d’un mandat de près de 22 mois, le gouvernement libéral minoritaire de Justin Trudeau a réalisé en tout ou en partie 52% des promesses formulées lors de la campagne électorale d’automne 2019: 23% des engagements électoraux du Parti Libéral du Canada ont été réalisés entièrement alors que 29% l’ont été en partie. Près de la moitié (48%) des 343 promesses faites par Justin Trudeau et son équipe lors des élections d’automne 2019 n’ont pas été tenues. Telles sont les principales conclusions du bilan dressé par l’équipe du Polimètre, qui suit et publie depuis 2013 l’état de réalisation des promesses électorales de différents gouvernements au Canada.
Ce bilan contraste avec les résultats obtenus par le gouvernement Trudeau lors de son premier mandat (2015-2019), au terme duquel Justin Trudeau et son équipe comptaient 67% de promesses réalisées, 26% de promesses partiellement réalisées et 7% de promesses rompues.
«La comparaison entre les deux mandats du gouvernement Trudeau démontre toute l'importance du contexte dans le respect des engagements électoraux, explique la responsable du Polimètre, Lisa Birch, directrice générale du Centre d'analyse des politiques publiques de l'Université Laval. Des crises successives telles que la mort de 63 passagers canadiens du vol 752 d'Ukraine International Airlines abattu par l'Iran, la crise ferroviaire nationale déclenchée en solidarité avec les chefs traditionnels Wet'suwet'en, le scandale éthique entourant l'organisme UNIS et, bien sûr, la pandémie de COVID-19 ont monopolisé l'attention du gouvernement et contribué à ses résultats peu reluisants par rapport à son premier mandat.»
«Il faut aussi noter que les gouvernements minoritaires réalisent moins de promesses que les gouvernements majoritaires principalement parce qu'ils écourtent leur mandat, rappelle Antoine Baby-Bouchard, qui travaille au sein de l'équipe du Polimètre depuis de nombreuses années. En déclenchant des élections hâtives, le gouvernement Trudeau n'a pas eu assez de temps pour réaliser toutes ses promesses. La majorité des promesses que nous avions cataloguées comme “en suspens” et “en progrès” en juillet 2021 sont devenues des promesses rompues ou, au mieux, partiellement réalisées lors de la fermeture de ce Polimètre.»
«Ce bilan nous rappelle que, lors des élections, les citoyens confèrent aux gouvernements deux mandats: celui de réaliser ses promesses électorales, soit le mandat impératif, et celui de bien gouverner selon sa vision, ses valeurs et son idéologie, ce que nous appelons le mandat représentatif, souligne Lisa Birch, qui est aussi professeure associée au Département de science politique de l'Université Laval. Lors du scrutin du 20 septembre prochain, les citoyens auront l'occasion de juger du bilan de ce gouvernement libéral minoritaire en tant que gestionnaire de crise et livreur de promesses électorales, ainsi que de la pertinence de tenir des élections après seulement 22 mois au pouvoir.»
Une nouvelle application Web pour une expérience plus riche et conviviale
Le Polimètre est maintenant disponible par une application Web qui offre une expérience de navigation plus riche et conviviale. Cette nouvelle application propose des fonctions améliorées qui permettent le tri par gouvernement, par état des engagements, par domaine politique et par mot clé. Les utilisateurs peuvent visualiser la réalisation des promesses au fil du temps, consulter les documents qui appuient les verdicts et explorer les performances des autres gouvernements. Des Polimètres sont disponibles depuis 2013 pour les gouvernements du Québec et du Canada, depuis 2018 pour celui du Nouveau-Brunswick et depuis 2021 pour l'Ontario.
«Nous sommes heureux de dédier cette nouvelle application Web au professeur émérite François Petry (1948 - 2020), du Département de science politique de l'Université Laval, pour sa passion, sa rigueur et sa vision d'un Polimètre qui permet aux citoyens d'avoir l'heure juste concernant la réalisation des promesses de leurs élus, souligne Lisa Birch, proche collaboratrice du professeur Petry pendant 16 ans. Depuis nos débuts en 2013, François et moi rêvions d'une application comme celle-ci qui permettrait aux citoyens, aux médias et aux chercheurs de trier et de visualiser les promesses par eux-mêmes.»