L'équipe internationale qui a mené l'étude a effectué le suivi de quelque 162 500 personnes de 21 pays pendant près de 10 ans. Ces pays ont été regroupés en trois catégories – élevé, moyen ou faible – selon le revenu national brut par personne. Quelque 11 300 décès sont survenus pendant la durée de l'étude.
Voici les principaux constats des chercheurs:
- Dans les 21 pays étudiés, 40% des décès sont causés par des maladies cardiovasculaires et 26% par le cancer.
- Les autres causes de décès sont les blessures (9%), les maladies respiratoires (8%), les infections (7%) ou autres (10%).
- Dans les pays à revenu élevé, le cancer cause 55% des décès, soit nettement plus que dans les pays à revenu moyen (30%) ou faible (15%).
- Les maladies cardiovasculaires causent 23% des décès dans les pays riches, soit presque deux fois moins que dans les pays à revenu moyen ou faible (42%), là où les facteurs de risques sont pourtant moins prononcés.
«Si on retourne 100 ans en arrière, ce sont les maladies infectieuses qui causaient le plus de décès, rappelle Gilles Dagenais. Dans les pays riches, les maladies cardiovasculaires ont progressivement gagné en importance et elles sont devenues la principale cause de mortalité dans les années 1970. Le cancer gagne du terrain depuis. Les pays à revenu moyen ou faible se retrouvent aujourd'hui là où nous étions il y a 50 ans.»
«Le fait que les décès par cancer soient maintenant deux fois plus fréquents que les décès par maladies cardiovasculaires dans les pays riches indique que nous assistons à une transition épidémiologique dans les causes de décès chez les adultes d'âge moyen», constate le responsable de l'étude, Salim Yusuf, de l'Université McMaster.
Si les approches de prévention et de traitement qui ont permis d'abaisser la mortalité par maladies cardiovasculaires dans les pays riches sont aussi efficaces dans les autres pays, nous pouvons nous attendre à une baisse mondiale des décès par maladies cardiovasculaires dans le futur, souligne Gilles Dagenais. «Si ça se produit, le cancer va probablement devenir la principale cause de mortalité sur la planète dans quelques décennies.»
Ces travaux sont des retombées de PURE (Prospective Urban Rural Epidemiology), un projet international auquel le professeur Dagenais a été étroitement associé depuis ses débuts en 2005. Il a notamment recruté les 2 700 personnes de la région de Québec qui participent aux travaux de PURE.