Ceux qui cherchent un exemple qui illustre bien comment la génétique et le milieu de vie peuvent interagir pour influencer les habitudes alimentaires le trouveront dans une étude qui vient de paraître dans la revue BMC Public Health. La professeure Catherine Paquet, du Département de marketing, et ses collaborateurs ont démontré que les enfants qui sont génétiquement plus sensibles à la dopamine – un neurotransmetteur associé au plaisir et au renforcement – ont une alimentation plus dense en calories. De plus, cet effet se fait davantage sentir chez les enfants qui vivent dans des quartiers où le pourcentage de commerces offrant des aliments considérés néfastes pour la santé est plus élevé.
Les auteurs de l'étude arrivent à ces conclusions après avoir étudié 322 enfants, de 4 à 12 ans, vivant à Montréal. Grâce à un échantillon de salive, les chercheurs ont déterminé si ces jeunes étaient porteurs d'une variation dans le gène d'un récepteur de la dopamine. Ce variant accroît la sensibilité aux fluctuations du taux de dopamine dans le sang. Rappelons que cette hormone est liée au plaisir, au bien-être et au système de récompense/renforcement chez l'humain. Elle pourrait encourager la consommation d'aliments sucrés ou gras.
Par ailleurs, les chercheurs ont déterminé le pourcentage d'épiceries, de dépanneurs et de restaurants de type fast food dans un rayon de 3km du lieu de résidence des enfants. Ceci leur a permis de caractériser l'offre alimentaire locale. Enfin, ils ont demandé aux parents de remplir un questionnaire de fréquence alimentaire afin d'avoir un aperçu des aliments consommés par leurs enfants. Les analyses ont permis d'établir des liens entre la sensibilité génétique à la dopamine et une propension à consommer des aliments plus denses en calories, en particulier chez les enfants vivant dans un environnement où la malbouffe est relativement abondante.
— Catherine Paquet
Les recherches antérieures sur l'effet de l'environnement alimentaire sur les choix alimentaires ont produit des conclusions souvent divergentes, constate la professeure Paquet. Pour cette spécialiste de l'influence des facteurs environnementaux et organisationnels sur les comportements de santé et les maladies chroniques, «la question n'est plus de savoir si l'environnement a une influence sur les habitudes alimentaires des gens. Les recherches doivent passer à un autre niveau. Il faut identifier les personnes les plus vulnérables et déterminer pour quelles raisons elles le sont. Les réponses à ces questions vont permettre de développer de meilleures stratégies d'intervention dont pourront bénéficier les sous-groupes les plus à risque.»