En moyenne, près de 138 personnes ont perdu la vie chaque année au Québec entre 2006 et 2019 en pratiquant un loisir ou un sport. Six activités revendiquent à elles seules 80% de ces mortalités et, parmi celles-ci, ce sont les randonnées en véhicule tout-terrain ou en motoneige qui ont le triste honneur d'occuper le sommet de la liste avec 38% des décès.
Voilà quelques-uns des constats qui se dégagent d'une étude publiée dans la revue Injury Prevention par une équipe réunissant des chercheurs de la Direction de la sécurité dans le loisir et le sport du ministère de l'Éducation du Québec, de l'Institut national de la santé publique du Québec, du Département d'éducation physique de l'Université Laval et du Bureau du coroner du Québec.
L'équipe de recherche a analysé des données fournies par le Bureau du coroner du Québec pour la période allant du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2019. Au total, 1937 décès par traumatismes non intentionnels sont survenus pendant ces 14 années lors de la pratique d'un loisir ou d'un sport. À cela s'ajoutent 297 décès par cause naturelle qui se sont produits pendant la pratique d'une activité.
En chiffres absolus, les six activités qui ont fait le plus de décès sont la randonnée en véhicule tout-terrain (383), la randonnée en motoneige (348), la baignade (286), le vélo (274), les activités nautiques motorisées (151) et les activités nautiques non motorisées (111). Lorsque les chercheurs pondèrent le nombre de décès en fonction du niveau de participation à chaque loisir ou sport pour estimer le risque relatif de leur pratique, c'est encore la randonnée en véhicule tout-terrain et la randonnée en motoneige qui viennent au haut de la liste.
Presque 87% des personnes décédées en pratiquant un loisir ou un sport entre 2006 et 2019 étaient de sexe masculin. C'est dans le groupe des hommes de 18 à 24 ans et chez les hommes de plus de 65 ans que le risque de décès est le plus élevé.
«Les causes pourraient être différentes dans ces deux groupes, avance l'un des auteurs de l'étude, Claude Goulet, professeur au Département d'éducation physique de l'Université Laval. En général, il est reconnu que les jeunes hommes ont davantage de comportements à risque. Chez les personnes âgées, le temps de réaction et de prise de décision, la diminution des aptitudes physiques et la moins grande résistance des structures anatomiques pourraient expliquer le plus grand nombre de décès.»
Cette étude a servi de point de départ à quatre sous-études visant à mieux documenter le problème, précise Philippe Richard (Ph. D. en kinésiologie, 2018), responsable de la recherche en sécurité à la Direction de la sécurité dans le loisir et le sport du ministère de l'Éducation du Québec. «Nous utilisons les informations contenues dans les rapports de coroner pour préciser les caractéristiques et les mécanismes de chaque décès. Les résultats de nos analyses seront rassemblés dans un rapport qui devrait être remis en 2026. Il contiendra des recommandations sur l'adoption ou le resserrement de mesures destinées à prévenir ces décès.»
Au Québec, entre 2006 et 2019, la pratique de loisirs ou de sports a été associée à 2234 décès par traumatismes non intentionnels ou par causes naturelles. «Cela représente plus de trois décès par semaine. Ce n'est pas un problème de santé publique anodin», conclut Philippe Richard.
Les auteurs de l'étude parue dans Injury Prevention sont Philippe Richard, Judith Lahiri-Rousseau, Jonathan Phimmasone, Jérémie Sylvain-Morneau, Mathieu Gagné, Paul-André Perron, Claude Goulet et Emilie Belley-Ranger, professionnelle de recherche au Département d'éducation physique de l'Université Laval.