13 mai 2025
4,75 M$ pour des outils optogénétiques et viraux
Cet appui à une plateforme installée à l'Université Laval permettra la consolidation et le développement d'outils de recherche qui font appel aux gènes, aux virus et à l'optique pour activer ou inhiber des neurones

Cette image montre ce qu'il est possible de réaliser avec des outils optogénétiques. Grâce à deux vecteurs viraux, on peut discerner des astrocytes (en vert) et des neurones (en jaune) dans une culture de cellules humaines.
— Marc Boisvert et Martin Berryer Onfroy de Breville/Fonderie canadienne d'optogénétique et de vectorologie
En février 2025, l'équipe de Caroline Ménard publiait dans Nature Neuroscience une étude démontrant le rôle clé d'une protéine dans la résistance au stress. En février 2024, l'équipe de Frédéric Bretzner annonçait, dans la même revue, avoir identifié des circuits neuronaux qui pourraient être stimulés pour améliorer la récupération de la marche après une lésion de la moelle épinière. En août 2023, l'équipe d'Yves De Koninck démontrait, dans la revue Brain, qu'il était possible de renverser certaines manifestations de l'alzheimer dans un modèle animal de la maladie.
Qu'ont en commun ces 3 études menées par des équipes de la Faculté de médecine de l'Université Laval? Elles ont pu être réalisées, comme des centaines d'autres au cours des dernières années, grâce à des outils produits par la Fonderie canadienne d'optogénétique et de vectorologie de l'Université Laval.
Créée en 2008, la Fonderie est une plateforme scientifique unique en son genre au Canada. Elle met à la disposition de la communauté scientifique des outils optogénétiques et viraux qui permettent la réalisation d'expériences qui défient l'imagination. Ces technologies reposent sur le principe qu'il est possible d'activer ou d'inhiber de façon sélective des neurones impliqués dans certains mécanismes ou maladies, explique la directrice de cette plateforme, Marie-Eve Paquet, professeure à la Faculté de médecine.
«Nous produisons des virus qui ont été débarrassés de leur potentiel pathogène, mais qui ont conservé leur pouvoir d'injecter du matériel génétique à l'intérieur des cellules d'un hôte. Ces virus sont utilisés pour livrer de l'information génétique dans des populations ciblées de neurones. Cette information sert à la production de protéines photosensibles qui, lorsqu'elles sont exposées à une lumière de longueur d'onde choisie, activent ou inhibent les cellules dans lesquelles elles se trouvent», résume la chercheuse.
Le travail mené par la Fonderie pourra être poursuivi au cours des prochaines années. En effet, Brain Canada a annoncé le 12 mai qu'elle accordait une aide financière de 4,75 M$ qui servira à accroître les capacités de la plateforme ainsi qu'à diversifier et à perfectionner ses outils optogénétiques. La subvention a été accordée à une équipe de 11 scientifiques de 4 universités, dirigée par Marie-Eve Paquet et Yves De Koninck. Une vingtaine de professionnels et de professionnelles de recherche, dont 15 du Centre de recherche CERVO, complètent l'équipe.
Installée au Centre de recherche CERVO, la Fonderie canadienne d'optogénétique et de vectorologie propose plus de 2000 produits – des vecteurs viraux et des protéines optogénétiques – dans son catalogue en ligne. «Une partie de ces produits sont des outils “génériques” couramment utilisés. Nous développons aussi des outils sur mesure pour répondre à des besoins spécifiques exprimés par des équipes de recherche», précise la professeure Paquet.
Le Fonderie reçoit plus de 2000 commandes par année en provenance d'environ 250 laboratoires des quatre coins du monde. Même si les vecteurs viraux sont inoffensifs, ils sont expédiés aux clients sur glace sèche contenue dans des boîtes balisées normées pour le transport des matières dangereuses.