6 juin 2025
IA générative et planification financière: une alliance entre technologie et expertise humaine
Une enquête récente de la Chaire IG Gestion de patrimoine en planification financière lève le voile sur les perceptions des professionnelles et professionnels sur l'intelligence artificielle

L'enquête de la Chaire IG Gestion de patrimoine en planification financière a rejoint 1061 professionnelles et professionnels. Un peu plus de la moitié de ces personnes font de la planification financière. L'autre moitié offre du conseil en sécurité financière ou en épargne collective.
— Getty Images / Guvendemir
L'intelligence artificielle (IA) générative s'étend sur le monde à vitesse grand V. Tous les milieux de travail sont concernés par cette technologie révolutionnaire ou le seront dans un avenir prévisible. Afin d'avoir immédiatement une idée de la situation dans le milieu des professions liées à la planification financière et à la planification fiscale, une équipe de la Chaire IG Gestion de patrimoine en planification financière de FSA ULaval a effectué une vaste enquête qui s'est déroulée en avril et mai 2024 à travers tout le Canada. Ce sondage a rejoint 1061 professionnelles et professionnels. Plus de 70% avaient plus de 10 ans d'expérience. Un peu plus de la moitié de ces personnes sont planificatrices financières ou planificateurs financiers. L'autre moitié occupe les postes de conseillères ou conseillers en sécurité financière ou en épargne collective. Les résultats de l'enquête viennent de paraître.
«À l'automne 2023, on voyait que les gens du milieu commençaient à se servir de l'IA générative, rappelle le titulaire de la Chaire et professeur au Département de finance, assurance et immobilier de l'Université Laval, Gabriel Power. On voulait avoir une idée tout de suite de la vitesse à laquelle les professionnels commençaient à se servir ou non de ce nouvel outil. On voulait aussi connaître leur perception de l'IA générative, comment ils interprètent la situation actuelle et comment ils perçoivent l'avenir. On peut voir notre enquête comme une photo de la situation en 2024. On s'attend à ce que les choses soient différentes cette année et à ce qu'elles le soient encore plus en 2026.»
Un levier d'efficacité
Les principaux résultats de l'enquête révèlent que les professionnelles et professionnels voient en l'IA générative un levier d'efficacité. Il y a une ouverture certaine à l'adoption de cette technologie. Cependant, les répondantes et répondants l'utilisent peu à cause d'enjeux éthiques, de la fiabilité, de la sécurité de l'information générée et de l'imputabilité en cas d'erreur. Quand cet outil est utilisé, c'est surtout pour la recherche d'informations simples et la rédaction de textes. Seuls 7% des répondantes et répondants l'emploient chaque jour. Selon les personnes répondantes, plus de la moitié des organisations n'ont pas de politique d'encadrement de l'IA générative.
L'enquête s'est faite en collaboration avec les différents ordres professionnels et organismes qui touchent à l'industrie financière et fiscale. Elle révèle que le niveau de confiance de la clientèle par rapport à l'utilisation de l'IA générative par la professionnelle ou le professionnel se situe en moyenne à 4,3 sur une échelle de 10. «Ce résultat semble suggérer que les clients ne sont pas très confortables, souligne le professeur. Cela dit, on ne part pas de zéro. Ils semblent avoir un niveau raisonnable de confort, surtout si on le combine avec les explications de l'expert. Ils peuvent être confortables avec des analyses d'IA générative quand, à la fin, ils vont parler à un être humain qui va vérifier et valider cette analyse et leur présenter, expliquer, confirmer que, oui, cette analyse a du bon sens.»
Pour rappel, l'IA générative est en mesure de remplacer une partie du travail technique de la professionnelle ou du professionnel. «En retour, indique-t-il, les professionnels vont davantage se démarquer par leurs compétences relationnelles et leur capacité d'analyse critique. Pour cela, ils devront pouvoir bien communiquer, être à l'écoute des clients et adapter la présentation des conseils et des solutions, en fonction de la personne. Autrement dit, les professionnels ne sont pas juste des techniciens.»
Les répondantes et répondants estiment que d'ici 5 ans l'IA générative pourra accomplir plusieurs tâches complexes. Parmi celles-ci l'analyse des portefeuilles, proposer des stratégies d'investissement personnalisées et détecter des fraudes. À l'heure actuelle, une très faible minorité se sert de cette technologie, notamment pour la reddition de comptes, la création de plans financiers ou la création de scénarios de retraite.
«Les perceptions des répondants, dit-il, sont à l'effet que ce monde va beaucoup changer d'ici quelques années, en partie parce que les technologies s'améliorent et en partie parce que les professionnels sont plus à l'aise de s'en servir.»
L'innovation financière fait en sorte que tout un éventail de produits a vu le jour afin de répondre aux besoins et préférences plus particulières du client. «Si on pense à des fonds négociés en bourse qui vont porter sur un secteur spécifique ou sur un style spécifique d'investissement, comme le momentum, on peut se perdre dans cet univers, soutient Gabriel Power. Je pense qu'ici, l'expertise humaine peut aider à plus rapidement cerner ce que le client recherche. Le client peut s'informer avec l'IA générative, mais pour décoder l'information et se rendre à l'essentiel, j'ai l'impression que les gens vont vouloir parler à un humain.»