6 mai 2025
Avertissement «Élevé en» sur le devant des emballages: 60% des aliments transformés seraient touchés
Des réductions de l'ordre de 5% à 15% de la teneur en gras saturés, en sucres et en sodium permettraient à un grand nombre de ces produits de ne pas avoir à porter cet avertissement

À compter de janvier 2026, Santé Canada obligera les entreprises à apposer un avertissement sur le devant de l'emballage des produits ayant un contenu élevé en gras saturés, en sucres ou en sodium. Cette mesure vise à encourager l'adoption de choix alimentaires éclairés en facilitant le repérage des produits moins nutritifs.
— Santé Canada
En vue de faciliter le repérage des aliments moins nutritifs, les produits qui ont un contenu élevé en gras saturés, en sucres ou en sodium devront obligatoirement porter, à compter de janvier 2026, un avertissement sur le devant de leur emballage. Si la composition nutritionnelle des aliments transformés les plus vendus au Québec reste inchangée d'ici là, 60% de ceux-ci devront afficher cet avertissement, révèle une étude publiée par des chercheuses de l'Université Laval dans la revue Public Health Nutrition.
Pour arriver à ce chiffre, l'équipe de recherche a eu recours à une base de données constituée par l'Observatoire de la qualité de l'offre alimentaire, rattaché à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l'Université Laval. Cette base de données contient des informations sur la composition nutritionnelle de milliers d'aliments transformés vendus dans les épiceries et supermarchés du Québec.
En croisant ces informations avec la base de données NielsenIQ, qui compile les ventes des produits à partir de leur code barre, les chercheuses ont obtenu le portrait de la qualité nutritionnelle des 3941 aliments transformés – pains tranchés, céréales à déjeuner, soupes prêtes-à-servir, pizzas, craquelins, repas surgelés, biscuits, viandes transformées tranchées, etc. – qui se retrouvent le plus fréquemment dans le panier d'épicerie des ménages québécois.
«Cela nous a permis de déterminer quels aliments pourraient devoir porter l'avertissement nutritionnel «Élevé en…» sur le devant de leur emballage. Nous avons tenu compte du volume des ventes pour considérer la portée de cette mesure sur le plan de la santé publique», explique la responsable de l'étude, Véronique Provencher, professeure à l'École de nutrition, chercheuse au Centre NUTRISS et à l'INAF, et directrice scientifique de l'Observatoire.
L'exercice a permis d'établir que 39% de ces 3941 produits ont une teneur élevée en sodium, 17% ont une teneur élevée en sucres et 16% ont une teneur élevée en gras saturés. «Si aucun changement n'est apporté à leur composition, 46% des produits devraient porter l'avertissement pour un nutriment, 13% pour deux nutriments et 0,5% pour trois nutriments. Au total, 60% de ces produits devraient donc afficher l'avertissement pour au moins un nutriment», résume la professeure Provencher.
Reformuler ces aliments transformés pour éviter d'avoir à ajouter un avertissement sur le devant de l'emballage est envisageable pour une bonne partie des produits, enchaîne la chercheuse. En effet, son équipe a simulé ce qui se produirait si les entreprises alimentaires réduisaient de 5%, 10% ou 15% la teneur de ces produits en gras saturés, en sucres ou en sodium.
Ainsi, dans l'état actuel des choses, 70% des pains tranchés devraient porter la mention «Élevé en sodium». Une réduction de 15% de ce nutriment porterait ce pourcentage à 19%. Autre exemple, une réduction de 15% des sucres dans les biscuits ferait passer le pourcentage de produits devant porter la mention «Élevé en sucres» de 77% à 45%. Pour les barres granola, le pourcentage passerait de 30% à 16%.
À l'inverse, une reformulation de l'ordre de 15% ne changerait pratiquement rien pour certains produits. C'est le cas, entre autres, pour les soupes prêtes-à-servir et pour les viandes transformées tranchées, deux catégories où 97% des produits conserveraient tout de même une teneur élevée en sodium.
Un outil pour les entreprises
Afin de soutenir les entreprises bioalimentaires québécoises dans leurs démarches visant à augmenter la qualité de leurs produits, l'équipe de la professeure Provencher a créé SCAN! le Simulateur calculateur d'amélioration nutritionnelle. Cet outil, qui fait appel aux données de l'Observatoire, a été développé avec la collaboration des industriels de façon à répondre à leurs besoins.
«SCAN! leur permet d'évaluer les effets de la reformulation de leurs produits et de les situer par rapport à la compétition, explique-t-elle. Les entreprises qui souhaitent ensuite reformuler leurs produits peuvent profiter, par exemple, de l'accompagnement des spécialistes en sciences des aliments du Service de soutien à l'innovation de l'INAF.»
Les autres auteures de l'étude parue dans Public Health Nutrition sont Julie Perron, Alicia Corriveau, Sonia Pomerleau, Clara-Jane Rhéaume et Marie-Ève Labonté.