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Serait-il possible de diagnostiquer la maladie de Parkinson à l’aide d’un simple examen de la rétine? Une étude publiée dans la revue Neurobiology of Disease par une équipe de l’Université Laval suggère que cette piste doit être sérieusement envisagée. En effet, la rétine des personnes atteintes de parkinson répondrait différemment de celle des personnes bien portantes à des stimuli lumineux, révèlent les travaux de ce groupe de recherche.
De nos jours encore, le parkinson est diagnostiqué au moment où une personne consulte un médecin en raison de problèmes moteurs comme des tremblements. « La maladie est alors installée depuis plusieurs années et les neurones du cerveau impliqués dans la maladie sont déjà engagés dans un processus irréversible de dégénérescence. C’est la raison pour laquelle il est important de trouver des biomarqueurs pour détecter le parkinson à un stade précoce de la maladie», explique le responsable de l’étude, Martin Lévesque, professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur au Centre CERVO.
La rétine est une extension directe du système nerveux central et, conséquemment, elle offre une façon non invasive d’explorer le cerveau, poursuit le chercheur. « Une réponse inhabituelle de la rétine à des stimuli lumineux pourrait être indicative d’une pathologie qui touche le cerveau », avance-t-il.
Pour explorer cette piste, son équipe de recherche a recruté 20 personnes qui avaient reçu un diagnostic de parkinson depuis moins de 5 ans. « Nous avons installé une électrode sur la paupière inférieure de chaque participant et nous avons enregistré la réponse de sa rétine à une série de flashes d’intensités, de fréquences et de couleurs différentes. Nous avons fait la même chose avec des personnes du même âge, mais en bonne santé. Les tracés que nous obtenons pour les personnes avec parkinson ont une signature distincte de celle des personnes du groupe témoin», rapporte le professeur Lévesque.
L’équipe de recherche a effectué des tests similaires chez des souris transgéniques surexprimant une protéine humaine associée à la maladie de Parkinson. «Nous avons utilisé de jeunes souris chez qui aucun signe moteur de la maladie n’était encore observable. Là encore, nous obtenons des réponses différentes chez les animaux “modèles” de parkinson. Cela suggère que les manifestations fonctionnelles du parkinson pourraient être détectées à un stade précoce de la maladie par examen de la rétine», résume le professeur Lévesque.
Le parkinson se manifeste le plus souvent chez des gens âgés de plus de 60 ans, rappelle le chercheur.
— Martin Lévesque
Cette approche pourrait aussi servir à suivre de façon objective l’évolution de la maladie ainsi que l’efficacité des interventions proposées aux patients, ajoute-t-il.
La première auteure de l’étude publiée dans Neurobiology of Disease est la doctorante Victoria Soto Linan. Les autres signataires sont Véronique Rioux, Modesto Peralta III, Nicolas Dupré, Marc Hébert et Martin Lévesque.