
Environ 1 cycliste sur 4 doit composer avec des maux de genou chaque année. Un mauvais positionnement ou une augmentation trop rapide du volume ou de l'intensité des entraînements peut être à l'origine du problème.
— Getty Images/Jacob Wackerhausen
Pour certains, les mots vélo et maux de genou vont de pair. Bonne nouvelle pour une partie de ces personnes, ce type de douleur musculosquelettique pourrait être atténué grâce à une intervention en physiothérapie qui combine un positionnement sur vélo, des conseils techniques sur le moulinage et sur la gradation de l'entraînement, ainsi qu'un programme d'exercices personnalisé.
C'est ce que suggère une étude publiée dans la revue Physiotherapy Theory and Practice par une équipe de recherche québécoise, dont fait partie Simon Lafrance, physiothérapeute et stagiaire postdoctoral du Département de médecine sociale et préventive de l'Université Laval et au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Cette équipe a recruté 76 cyclistes récréatifs qui éprouvaient, depuis 40 mois en moyenne, des maux de genou associés à la pratique du vélo. Ces personnes ont été invitées à participer à l'étude au moment où elles consultaient pour ce problème dans une clinique de physiothérapie spécialisée en cyclisme.
Dans un premier temps, des physiothérapeutes, possédant une certification en positionnement sur vélo, ont questionné les sujets sur leur pratique sportive et sur leur historique de blessures. Ils ont ensuite évalué la mobilité, la flexibilité, la force et les capacités fonctionnelles de chaque sujet avant de procéder à son positionnement sur vélo. «Ce positionnement est fait en fonction des lignes directrices enseignées lors des formations de certification, mais aussi en fonction des informations recueillies pendant les premières étapes de la consultation», précise Simon Lafrance.
Le moins qu'on puisse dire est que ce positionnement n'était pas superflu. Par exemple, la selle a dû être avancée (86% des cas), reculée (5%), montée (26%,) ou descendue (67%). L'angle de la selle a été augmenté (50%) ou diminué (11%). Les cales des chaussures ont dû être reculées (18%) ou avancées (30%). «Deux raisons peuvent expliquer pourquoi autant de changements étaient nécessaires, avance le stagiaire postdoctoral. D'une part, il est possible que le positionnement initial n'était pas adéquat. D'autre part, certains changements ont pu être faits pour diminuer la pression sur les genoux.»
Pour compléter l'intervention, les sujets ont reçu des informations sur la cadence optimale à adopter pour éviter une surcharge du genou (de 80 à 100 révolutions par minute), sur l'importance d'augmenter progressivement la distance et l'intensité des entraînements, et sur les bienfaits des jours de repos pour la récupération. Au besoin, les physiothérapeutes ont prescrit des exercices d'étirement, de mobilité, de renforcement ou de contrôle moteur aux sujets chez qui des problèmes avaient été décelés.
Un suivi effectué 4 semaines après l'intervention indique que la douleur ressentie lors de la pratique du vélo avait diminué significativement chez les cyclistes qui avaient profité de l'intervention. L'intensité de la douleur était encore plus faible au moment du second suivi effectué 12 semaines après l'intervention.
«Il n'y avait pas de groupe témoin dans notre étude, reconnaît Simon Lafrance. Par contre, l'amélioration est survenue chez des cyclistes aux prises avec un mal de genou chronique dès les premières semaines qui ont suivi la consultation. Cela suggère qu'il y a un lien avec l'intervention.»
Le positionnement fait par des mécaniciens à l'achat d'un vélo n'est pas d'égale qualité chez tous les marchands, estime le postdoctorant. «Notre étude suggère que les personnes qui ont des maux de genou liés à la pratique du vélo auraient intérêt à consulter des physiothérapeutes certifiés en positionnement. Il y a de fortes chances pour que l'intensité des symptômes qu'ils ressentent lors de la pratique du vélo diminue par la suite.»
L'article publié dans Physiotherapy Theory and Practice est signé par Ariane Viau, Christina Tremblay et Guillaume Coutu, de la Clinique Physiovélo de Longueuil, François Desmeules, de l'Université de Montréal, et Simon Lafrance, de l'Université Laval.