
L'application repose sur une banque de séquences vidéo présentant de véritables situations de jeu. La personne testée est invitée à détecter le plus rapidement possible la présence d'un stimulus spécifique à son sport, par exemple, dans le cas du soccer, un changement de possession du ballon d'une équipe à l'autre.
— Laboratoire Co-DOT
Une équipe de l'Université Laval a mis au point un outil qui pourrait aider à déterminer si des athlètes qui ont subi une commotion cérébrale sont prêts à revenir au jeu. Les détails de leurs travaux viennent de faire l'objet d'une publication dans le Journal of Clinical and Experimental Neuropsychology.
«Évaluer le fonctionnement cognitif des sportifs après une commotion cérébrale constitue un défi, surtout lorsque cette évaluation dépend d'informations fournies par ceux-ci. Il arrive fréquemment que des athlètes désireux de reprendre la compétition ne rapportent pas fidèlement leurs symptômes ou qu'ils en sous-estiment la gravité. Ils risquent alors de revenir au jeu avant d'être complètement rétablis», souligne Sébastien Tremblay, professeur à l'École de psychologie, directeur du Laboratoire de recherche Co-DOT et chercheur collaborateur de l'Institut intelligence et données de l'Université Laval.
Même s'il existe déjà quelques tests objectifs pour évaluer les capacités cognitives post-commotion chez les sportifs, l'équipe du professeur Tremblay souhaitait développer un outil rapide et convivial inspiré directement du sport d'équipe pratiqué par les athlètes.
«Nous avons conçu l'application SENIC (Simulation engageante, immersive et cognitive) de façon à ce qu'elle puisse être utilisée sur une tablette. Notre objectif était que les athlètes se sentent appelés à tester leurs temps de réaction dans des situations de jeu qui se produisent réellement dans leur sport. Les versions pour le soccer, le basketball et le rugby sont prêtes, et nous travaillons sur des versions pour le football et le hockey», précise le professeur Tremblay.
SENIC repose sur une banque de séquences vidéo présentant de véritables situations de jeu. «La personne testée est invitée à détecter le plus rapidement possible la présence d'un stimulus spécifique à son sport, par exemple, dans le cas du soccer, un changement de possession du ballon d'une équipe à l'autre. L'application sélectionne aléatoirement 36 séquences vidéo, sans répétition pour éviter un effet d'apprentissage, parmi une banque de 150 séquences. Il faut environ neuf minutes pour compléter le test», explique la professionnelle de recherche Cindy Chamberland, qui a participé au développement de l'outil.
La vitesse de réaction, rappelle le professeur Tremblay, est une mesure qui intègre plusieurs fonctions cognitives pouvant être affectées par une commotion cérébrale. On parle notamment de l'attention, de la perception, de l'anticipation, du rappel d'information emmagasinée en mémoire, de la prise de décision et de l'exécution motrice. «SENIC repose sur une vision dynamique et interactive de la cognition. Il mesure la résultante de ces fonctions plutôt que de les évaluer isolément.»
En pratique, le test SENIC pourrait être réalisé en début de saison et à intervalles réguliers pendant l'année par les personnes qui pratiquent un sport où des commotions cérébrales peuvent subvenir. «Ces temps de réaction pourraient servir de points de comparaison après une commotion cérébrale pour déterminer si les capacités cognitives d'une personne sont rétablies», explique Cindy Chamberland.
Pour valider SENIC, l'équipe de recherche a recruté 96 joueurs de soccer de la région de Québec. Les participants devaient effectuer le test ImPACT, couramment utilisé par les équipes sportives universitaires pour les évaluations post-commotion. ImPACT est composé de six sous-tests indépendants qui évaluent séparément différentes composantes de la cognition.
«Nous avons démontré que les temps de réaction au test SENIC étaient corrélés avec plusieurs résultats au test ImPACT, ce qui confirme la validité de notre approche, résume le professeur Tremblay. Il reste maintenant à démontrer la valeur de SENIC pour établir s'il y a eu commotion ou non, et pour suivre le rétablissement post-commotion des athlètes.»
Les professionnelles et professionnels de la santé et les chercheuses et chercheurs qui souhaitent faire l'essai de l'application peuvent communiquer avec le professeur Sébastien Tremblay. Par ailleurs, une version grand public de l'application sera disponible au début de l'année 2026. À suivre dans ULaval nouvelles.
L'étude parue dans le Journal of Clinical and Experimental Neuropsychology fait partie des travaux de doctorat de Carolane Croteau, ancienne athlète du Rouge et Or soccer et aujourd'hui neuropsychologue. Les autres signataires en sont Cindy Chamberland et Sébastien Tremblay, de l'Université Laval, et Helen Hodgetts, de la Cardiff Metropolitain University, au Royaume-Uni.

























