30 septembre 2025
La télédétection laser pour identifier les érablières nordiques en difficulté
Cette approche permettrait de repérer plus efficacement les peuplements d'érables à sucre qui éprouvent des problèmes de croissance à la limite nord de la distribution de cette espèce

Le déclin de l'érable à sucre a commencé il y a une cinquantaine d'années à la limite nord de sa distribution au Québec. La croissance des érables et la qualité du bois sont affectées par ce phénomène aux causes incertaines.
— Getty Images/Sylvie Bouchard
Depuis quelques décennies, l'érable à sucre en arrache à la limite nord de sa distribution. Les causes exactes de ce déclin, qui affecte la croissance des arbres et la qualité de leur bois, ne sont pas parfaitement comprises, mais une étude menée par des chercheurs de l'Université Laval et du ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec (MRNFQ) suggère qu'il y aurait moyen, en utilisant des données obtenues par télédétection laser, d'identifier efficacement les peuplements d'érables à sucre dans lesquels des interventions forestières pourraient aider à freiner ce déclin.
Les détails de cette étude ont été présentés aujourd'hui par David Voyer, stagiaire postdoctoral au Département des sciences du bois et de la forêt de l'Université Laval et chercheur au Centre d'étude de la forêt, dans le cadre du Congrès SilviLaser 2025 qui se déroule au Centre des congrès de Québec.
Présenté du 29 septembre au 3 octobre, cet événement réunit plus de 260 personnes de 28 pays issues du milieu universitaire, des gouvernements et du secteur privé. Les 120 présentations orales et 85 affiches inscrites au programme ont en commun le recours au laser et aux technologies qui y sont associées pour étudier et gérer les écosystèmes forestiers.
Repérer les érablières problématiques sur de grands territoires
La façon traditionnelle de mesurer la croissance d'un peuplement forestier consiste à se rendre sur le terrain et à prélever, à l'aide d'une tarière, des carottes dans le tronc des arbres. À l'aide de ces échantillons, les scientifiques mesurent la largeur des cernes de croissance – chaque cerne correspond à une année –, ce qui permet de documenter l'évolution de la croissance des arbres au fil du temps.
«Cette façon de faire exige du temps et des efforts d'échantillonnage considérables, souligne David Voyer. De plus, elle ne donne pas un portrait de la situation sur l'ensemble du territoire. C'est ce qui nous a donné l'idée de recourir à des données lidar récoltées lors d'inventaires aériens pour établir l'état de santé des peuplements d'érable à sucre à la limite nord de la distribution de l'espèce au Québec.»
Les données lidar (light imaging detection and ranging) sont générées à l'aide d'un appareil qui émet un faisceau laser en direction d'un peuplement, qui capte l'onde réfléchie et qui, à partir du nuage de points obtenus, construit une image 3D du peuplement. «On peut ainsi obtenir des informations telles que la hauteur des arbres», résume le stagiaire postdoctoral.
Pour les besoins de cette étude, David Voyer et ses collègues ont échantillonné 425 érables répartis dans 16 peuplements d'érable à sucre répartis entre Val-d'Or et La Tuque, ce qui correspond, grosso modo, à la limite nord de l'espèce dans l'ouest du Québec. Des carottes prélevées sur ces arbres ont permis d'établir la croissance réelle de ces peuplements au cours des 25 dernières années.
«Nos analyses montrent qu'il existe une bonne corrélation entre certaines données lidar et les données de croissance récoltées sur le terrain. Le coefficient de corrélation est suffisamment élevé pour que l'on puisse recourir aux données lidar pour prédire la croissance d'un peuplement non échantillonné et conséquemment son état de santé», résume David Voyer.
En général, constate-t-il, la croissance est en baisse depuis un quart de siècle dans les peuplements étudiés. «Par contre, nous avons observé une certaine variabilité. Certains peuplements s'en tirent beaucoup mieux, probablement parce qu'on y trouve une proportion plus élevée de jeunes érables. Cela suggère que le déclin de l'érable à sucre à sa limite nord de distribution n'est pas une fatalité. Des interventions sylvicoles visant à rajeunir les peuplements problématiques pourraient freiner ce déclin.»
Les autres chercheurs qui ont collaboré à ce projet sont Guillaume Moreau, Alexandre Morin-Bernard, João Paulo Czarnecki de Liz et Alexis Achim, de l'Université Laval, et Steve Bédard, Filip Havreljuk et Pierre Grondin, du MRNFQ.