
Les découvertes réalisées tracent la voie vers une médecine capable d'intervenir plus précisément et plus tôt avant l'arrivée d'une récidive.
— Illustration Maude Royer
Le Centre de recherche sur le cancer de l'Université Laval a organisé en 2025 son 3e concours de vulgarisation scientifique. ULaval nouvelles vous présente le fruit du travail d’une des deux lauréates, Nadine Morin, étudiante au doctorat en biologie cellulaire et moléculaire dans le laboratoire du professeur Marc-Étienne Huot.
Après avoir fait face à un premier cancer, on espère toujours que le pire est derrière soi. Pour les personnes atteintes d'un glioblastome, une tumeur du cerveau très agressive, il n'est cependant pas rare que la maladie revienne après un premier traitement. Ce retour de la maladie est ce qu'on appelle une récidive.
Récemment, l'attention de notre équipe de recherche s'est portée sur la capacité de la première tumeur à produire un messager chimique qui pourrait être à l'origine du second épisode de cancer.
À l'image d'une grande usine, le corps fonctionne grâce à une multitude d'ouvriers: les cellules. Toutes partagent les mêmes instructions, le code génétique. Dans les cancers, il y a souvent plusieurs anomalies, appelées mutations, qui surviennent dans le code génétique des cellules qui composent la tumeur. Au début, ces erreurs sont toutes petites et peu fréquentes, difficilement détectables. Ce n'est qu'une fois que ces anomalies se sont accumulées que les premiers symptômes se manifestent et qu'un diagnostic de cancer peut être posé.
Dans le cas des glioblastomes, cette mutation dans le code génétique qui survient dans les premières étapes de la maladie a pour effet de retourner la machinerie de la cellule contre elle-même pour produire une forme altérée d'une molécule impliquée dans le bon fonctionnement de la cellule. Cette forme altérée est appelée 2-hydroxyglutarate (2HG). Cette version modifiée de la molécule va enclencher une série de réactions qui vont conférer un avantage aux cellules tumorales, notamment en leur permettant de se diviser plus rapidement, de consommer de l'énergie plus efficacement et de favoriser la progression du cancer.
Cependant, la forme altérée de la molécule ne se contente pas d'agir à l'intérieur des cellules tumorales. À l'image d'un messager, elle circule aussi dans l'environnement immédiat de la tumeur, touchant des cellules voisines, des vaisseaux sanguins et d'autres composantes du cerveau. Qu'arrive-t-il si ce message est capté par des cellules saines à l'extérieur de la tumeur? Il agit alors à titre de préparateur de terrain.
En recréant la forme altérée de la molécule en laboratoire et en évaluant son effet sur les cellules saines, à l'extérieur de la tumeur, il est possible de comparer ce qui distingue les cellules exposées à ce messager de celles qui ne le sont pas. En étudiant ces différences, nous ciblons les processus qui pourraient participer à la récidive.
Nous avons découvert que les cellules saines dans le rayon d'atteinte du messager chimique vont acquérir des caractéristiques leur permettant de croître plus rapidement et de façon plus envahissante, tout en échappant aux radars des traitements initiaux. Sans devenir cancéreuses à proprement parler, ces cellules en apparence saines acquièrent des caractéristiques de cellules tumorales et conservent une empreinte des effets du messager chimique, même une fois la première tumeur retirée. C'est cette empreinte qui sert de schéma de départ pour la récidive.
Comprendre comment ce messager se propage et quelle signature il laisse derrière permet de brosser un meilleur portrait de la situation des récidives. Ces découvertes tracent la voie vers une médecine capable d'intervenir plus précisément et plus tôt, avant que la foudre ne frappe à nouveau.

























