
Les problèmes cognitifs, la fatigue, l'anxiété et l'insomnie sont les symptômes les plus souvent observés chez les personnes qui ont eu un traumatisme craniocérébral léger.
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Les symptômes qui sont toujours présents 4 mois après un traumatisme craniocérébral léger (TCC léger) risquent de se maintenir, à un niveau relativement stable, pendant plusieurs années, révèle une étude publiée par une équipe de recherche québécoise dans la revue Archives of Physical Medicine and Rehabilitation.
«Cela suggère que les premiers mois qui suivent un TCC léger seraient déterminants dans le processus de rétablissement. Il faut donc référer les patients le plus rapidement possible vers des ressources qui peuvent les aider», souligne la première auteure de l'étude, Kathleen Cairns, doctorante à l'École de psychologie de l'Université Laval.
L'équipe de recherche, dirigée par la professeure Marie-Christine Ouellet, a suivi 143 adultes de 18 à 65 ans qui avaient été hospitalisés pendant au moins 24 heures à la suite d'un accident ayant provoqué un TCC léger. «Dans la plupart des cas, il s'agissait de personnes qui avaient été impliquées dans un accident de la route ou qui avaient fait une chute», précise Kathleen Cairns.
Ces personnes ont été contactées 4 mois après l'accident pour remplir des questionnaires portant sur différents symptômes couramment associés aux traumatismes crâniens – problèmes cognitifs, fatigue, anxiété, insomnie, dépression, maux de tête, étourdissements – ainsi qu'un questionnaire sur leur qualité de vie. L'exercice a été répété aux 8e, 12e, 24e, 36e et 48e mois suivant l'accident.
«Nos analyses montrent que la sévérité des symptômes et la qualité de vie observées lors de l'évaluation faite 4 mois après l'accident restent relativement stables par la suite, souligne la doctorante. Les personnes adoptent une trajectoire qui change peu dans le temps. Lorsque la sévérité des symptômes est élevée au 4e mois, elle reste élevée jusqu'au 48e mois. Lorsqu'elle est basse initialement, elle le demeure par la suite.»
Les symptômes de sévérité moyenne ou élevée les plus fréquemment rapportés sont les problèmes cognitifs (62%), la fatigue (54%), l'anxiété (44%) et l'insomnie (43%). «Globalement, 66% des participants ont maintenu une faible qualité de vie tout au long de l'étude», précise la doctorante. Aucun facteur sociodémographique ni aucune particularité de l'accident – la présence ou l'absence d'un saignement au cerveau, par exemple – n'a pu être associé à la qualité de vie.
Certaines personnes se remettent bien d'un TCC léger. «Dans notre étude, environ la moitié des participants se retrouvaient dans des trajectoires sans symptômes ou avec des symptômes minimaux, constate Kathleen Cairns. Chez les autres, par contre, nos résultats mettent en lumière l'importance d'intervenir dans les 4 premiers mois qui suivent l'accident pour optimiser les possibilités de changement et d'amélioration. Sinon, il semble y avoir un risque que les symptômes deviennent chroniques et qu'ils nécessitent des soins de santé à long terme.»
Les autres signataires de l'étude parue dans Archives of Physical Medicine and Rehabilitation sont Simon Beaulieu-Bonneau, Valérie Jomphe, Marie-Ève Lamontagne, Lynne Moore, Josée Savard, Marie-Josée Sirois et Marie-Christine Ouellet, de l'Université Laval et du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale, et Élaine de Guise et Bonnie Swaine, de l'Université de Montréal.