Cœurs en chœur. Geneviève Duong n’aurait pu trouver meilleur titre pour ce projet de Zia Lab créatif, sa compagnie fondée avec le musicien Pascal Asselin. L’œuvre, qui vient de faire l’objet d’une résidence de création à la Maison pour la danse de Québec, met à contribution cinq danseuses contemporaines, dont deux en fauteuil roulant. «J’avais envie de réunir ces artistes dont la démarche m’interpelle énormément au sein d’un même projet. Cœurs en chœur, c’est une connexion de l’organe, notre cœur, afin de faire émerger une œuvre collective», explique Geneviève Duong.
La chorégraphe, inscrite au baccalauréat en sciences historiques et études patrimoniales, a connu Chantal Bonneville et Line Beauregard, les deux danseuses en fauteuil roulant, alors qu’elle était mentore pour un spectacle de la troupe Gestuel de l’Université Laval.
Cœurs en chœur relève d’un long processus de création et de collaboration interdisciplinaire. Tout a commencé en 2018 lorsque Geneviève Duong a été approchée par l’artiste visuelle Fanny H-Levy et la professeure en anthropologie Francine Saillant pour un court métrage. Depuis, le projet a évolué sous différentes formes. Outre son acolyte Pascal Asselin, chargé de l’ambiance sonore, la chorégraphe a fait appel au vidéaste Marco Dubé pour documenter le processus créatif. Durant le spectacle, qui dure une vingtaine de minutes, les vidéos de cet artiste sont projetées sur un écran derrière les danseuses. «Le projet amène une réflexion sur les façons de mettre en valeur les étapes d’un processus créatif à même la réception d’une œuvre finale», indique Geneviève Duong.
Étudiante en création littéraire atteinte de sclérose en plaques, Chantal Bonneville a vu dans ce projet l’occasion de continuer à pratiquer sa passion de la danse. «Le processus de création est vraiment intéressant, on rencontre de belles personnes, tout le monde est très généreux, mais ce n’est pas toujours facile. La sclérose en plaques implique la fatigabilité et des pertes de mémoire. De travailler avec des gens qui sont au summum de leur art, de leur corps et de leur physique, je trouvais ça dur au début, mais j’ai pu me faire à l’idée. Ce que je peux offrir, c’est différent de ce que les autres danseuses peuvent offrir», dit-elle.
Son rêve? Que le public fasse fi de la mobilité réduite, un concept auquel elle fait un joli pied de nez. «Le terme “mobilité réduite” me fait rire; je suis plus mobile que beaucoup de personnes qui ne sont pas en fauteuil roulant! J’aimerais ça, un jour, que les gens ne voient plus le handicap ou le fauteuil, mais qu’ils voient l’artiste, l’œuvre au même titre que n’importe quelle autre œuvre.»
Pour Geneviève Duong, diplômée de l’École de danse de Québec ayant participé à moult spectacles et activités de médiation, l’inclusion prend une place prépondérante dans sa démarche. «À 31 ans, je réalise à quel point mon bagage héréditaire et culturel teinte mes projets. Mon père, un immigrant vietnamien, et ma mère, une Québécoise ayant été adoptée par des immigrants argentins, ont chacun une vision du monde dont l’amalgame rend mon regard inclusif et surtout empathique par rapport aux réalités plurielles, ayant moi-même une réalité plurielle. D’un projet à l’autre, il est important pour moi de travailler avec des gens vers qui je sens un élan de cœur.»
Sa résidence de création terminée, la chorégraphe présentera le spectacle Cœurs en chœur à nouveau, cette fois dans le cadre des Journées de la culture, qui auront lieu à la Maison pour la danse le 28 septembre.
Plus d’information à venir sur zialabcreatif.com.