Ils jouent le même instrument, mais leur travail n’a rien de semblable. La musique classique et la musique traditionnelle québécoise ont chacune leurs particularités, ce qui fait que la transition d’un style à l’autre peut être ardue pour plusieurs violonistes.
C’est pour rapprocher ces deux univers qu’Aurélie Thériault Brillon entame un doctorat à la Faculté de musique de l’Université Laval. Le 21 mai, elle a présenté son projet au colloque étudiant de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM-ULaval).
«Pour un musicien classique, s’immerger dans la musique trad est un défi. Les codes et le langage utilisés, de même que la façon de travailler, sont complètement différents», explique la doctorante. Le principal écart réside dans le processus d’apprentissage. Les musiciens classiques apprennent de façon formelle, généralement à l’aide d’une partition. Du côté de la musique traditionnelle, le répertoire est transmis oralement. Ainsi, il peut exister plusieurs versions d’une même pièce.
Formée en violon classique à l’Université d’Ottawa, Aurélie Thériault Brillon compte à son actif plusieurs concerts avec des orchestres, en plus de jouer du rigodon depuis qu’elle est enfant. En 2017, elle se rendait en Virginie-Occidentale pour enregistrer des pièces avec un groupe de bluegrass. «Pour un musicien classique, il est très enrichissant de découvrir différents styles. Après mes premiers concerts de musique traditionnelle, j’ai remarqué que j’étais plus à l’aise sur scène quand venait le temps de revenir au classique. En musique trad, on ne se fie pas aux partitions. L’interprétation est moins rigide et la pression de se tromper est moins grande.»
Dans les prochaines semaines, Aurélie Thériault Brillon invitera des violonistes professionnels à interpréter leur propre version d’une même pièce. Leur performance, qui sera enregistrée, permettra de comparer leurs techniques respectives. Ces enregistrements serviront de base de discussion pour des entrevues que l’étudiante prévoit mener avec d’autres musiciens. Son projet de doctorat est encadré par la professeure Sophie Stévance.
En plus d’y donner une communication, Aurélie Thériault Brillon faisait partie du comité organisateur du colloque de l’OICRM-ULaval. Pandémie oblige, l’événement s’est déroulé en ligne sur la plateforme Zoom. Une trentaine de participants ont assisté aux présentations des étudiants-chercheurs. Le tout s’est terminé avec une table ronde sur l’adaptation des pratiques de recherche et de création en période de confinement. «En tant que chercheur, on est souvent isolé, particulièrement avant l'étape de la collecte de données. Le fait de partager avec d’autres étudiants, ça peut donner des idées, mais aussi motiver à pousser plus loin notre recherche. Les suggestions des étudiants et des cinq professeurs qui participaient au colloque ont été très utiles», conclut la doctorante.