L'artiste fait ici référence aux masques métaphoriques derrière lesquels nous cachons nos désirs, nos croyances, nos émotions, bref, notre vraie personnalité. «Souvent, on porte un masque pour se donner une image socialement plus acceptable. On se force à adopter des attitudes, on change notre personnalité en fonction des relations, à tel point que parfois, il devient impossible de savoir qui on est par rapport au personnage que l'on s'est créé», dit-il.
Tantôt incisifs, tantôt bouleversants, les textes de son spectacle traitent de la complexité des rapports sociaux. Entre autres, il est question des relations intimes dans la chambre à coucher. «On pourrait croire que le seul instant où l'on est vraiment soi-même, c'est au moment de faire l'amour, mais c'est faux: les mœurs de production sexuelle font que les gens endossent des types sociaux. Un de mes textes aborde ce sujet. Ce genre de dynamique, je l'applique à plusieurs autres domaines de la vie, dont le monde du spectacle et celui des médias», explique Thomas Langlois.
Depuis 2016, Carnaval carnivore a été présenté sous différentes moutures, notamment dans un festival de théâtre en Roumanie et à Montréal, à l'occasion du festival Dix ans de slam. Pour sa première diffusion à Québec, il sera offert en formule duo avec le compositeur Frédéric Dufour. Les deux créateurs ont travaillé ensemble afin d'élaborer un univers narratif où s'entremêlent la musique et les mots. Le public aura aussi droit à plusieurs nouveaux textes écrits pour l'occasion.
Pour Thomas Langlois, grand habitué des concours de slam et autres événements liés à la poésie, le contact avec le public est très inspirant. «Le spectacle est l'un des derniers moyens qu'il nous reste pour nous rassembler, vivre une expérience ensemble et avoir des pistes communes de discussions et de réflexions. Cet aspect de communion est très important pour moi. Quand je suis sur scène, les réactions du public me nourrissent et me donnent du jus pour savoir de quelle façon livrer mon texte. Aussi, j'aime le fait que ce soit un art qui soit éphémère.»
Les talents de slameur de Thomas Langlois lui ont valu de nombreuses distinctions ces dernières années, dont le titre de vice-champion du monde à la Coupe mondiale de slam de Paris. Il a aussi été nommé champion slam du Québec et champion slam de la capitale à plusieurs reprises. C'est dire que l'étudiant gagne de plus en plus en notoriété dans cet univers en pleine effervescence.
En plus de son travail de création, Thomas Langlois porte le chapeau de diffuseur avec l'organisme JokerJoker, qu'il a fondé avec Emile Beauchemin. Ouverte à toutes les formes d'art, cette compagnie a pour but d'offrir aux artistes émergents une première expérience de diffusion professionnelle. Elle vise aussi à donner la possibilité à des créateurs établis d'expérimenter. Les projets sont choisis par un jury composé de professionnels du milieu culturel. Tenus secrets, les lieux de diffusion, qui changent d'un spectacle à l'autre, sont annoncés quelques jours avant l'événement.
«Cette initiative relève d'une réflexion que nous avons eue, Emile et moi, sur l'avenir des lieux de diffusion à Québec et au Québec, raconte Thomas Langlois. L'idée derrière JokerJoker est de présenter des spectacles qui font vivre une expérience différente. Notre public cible est composé de gens qui veulent voir des œuvres inusitées et qui veulent être surpris.»
Curieux? Le prochain événement de JokerJoker sera un programme double alliant performance et danse, Under et Requiem pour Martirio A, du 12 au 16 février. Restez à l'affût pour plus de détails.