
Diplômée en enseignement, Naomi Fontaine a fait un retour à son alma mater pour étudier la littérature des Premières Nations, qu'elle souhaite promouvoir auprès des élèves du secondaire ou du cégep.
L'histoire est celle d'une professeure innue fraîchement diplômée qui retourne à Uashat pour enseigner le français à des jeunes. Problèmes familiaux, suicides, désespoir: tout n'est pas rose dans cette petite communauté située près de Sept-Îles. Peu à peu, un attachement profond se crée entre la jeune femme et ses élèves, qui entreprennent un projet un peu fou: monter Le Cid de Corneille comme spectacle de fin d'année.
Le titre du roman, Manikanetish, signifie «petite marguerite» en langue innue. Il s'agit du nom de cette école secondaire où Naomi Fontaine a elle-même enseigné pendant trois ans. Car le récit est avant tout inspiré de sa propre expérience. «J'avais envie de parler des jeunes et de leur formidable capacité de résilience. On entend tellement de préjugés sur le décrochage scolaire et les problèmes dans les communautés autochtones. J'ai enseigné à des jeunes que j'admire énormément. Malgré tous les obstacles qui se posent dans leur vie, ils ont encore le goût d'aller à l'école et continuent d'avoir des rêves.»
Comme la protagoniste de son roman, Naomi Fontaine est née à Uashat et a grandi à Québec. Après des études en enseignement à l'Université Laval, elle a choisi de revenir dans sa communauté. Le retour fut loin d'être facile. «Cela m'a demandé beaucoup d'efforts pour gagner la confiance des gens. Une réserve, c'est un lieu de cloisonnement, ce qui crée énormément de méfiance à l'égard des étrangers. Le chemin le plus efficace pour entrer dans une communauté, c'est avec humilité.»
Riche de cette expérience, la voici de retour à Québec, cette fois pour étudier la littérature des Premières Nations. «Je fais une maîtrise avec l'objectif de promouvoir cette littérature et de mieux l'intégrer dans le système scolaire au secondaire ou au cégep. Ce n'est pas normal que les jeunes n'aient pas accès à plus de livres autochtones. Partout au Québec, les gens ignorent que des auteurs autochtones très talentueux existent. Moi-même, avant mes recherches, je ne les connaissais pas.»
En plus de son projet d'études, Naomi Fontaine participe à l'adaptation au cinéma de son premier roman, Kuessipan. En 2011, cet ouvrage avait été encensé par de nombreuses critiques et par nul autre que Dany Laferrière. Produit par Max Films, la compagnie derrière des films à succès comme Jésus de Montréal et La grande séduction, le long-métrage sera signé par la cinéaste Myriam Verreault. Le tournage a débuté le 13 novembre à Uashat avec des comédiens innus. En plus d'avoir coécrit le scénario, Naomi Fontaine jouera un petit rôle en compagnie de ses anciens étudiants et de son fils.
La réalisatrice Myriam Verreault, à qui ont doit notamment le film À l'ouest de Pluton, a été séduite par l'histoire de Kuessipan. «Ce livre avait tout pour m'inspirer: une écriture simple, mais d'une sincérité renversante. C'est extrêmement poétique tout en étant sobre et délicat. La structure en fragments du récit nous a permis de jouer avec les morceaux et de choisir ceux qui faisaient écho à ce que nous souhaitions raconter comme histoire. Le film sera une adaptation très libre du livre», explique cette diplômée du programme de cinéma.
À voir sur les écrans d'ici le début de l'année 2019!
Extrait de Manikanetish
«Revenir est la fatalité. Dans ce tout petit village, cette nature épineuse, sablonneuse, imaginée de toutes pièces depuis mon enfance, immuables souvenirs.»

Publié chez Mémoire d'encrier, Manikanetish raconte l'histoire d'une enseignante autochtone qui retourne dans sa communauté.