25 septembre 2024
Festival Fono: le bien-être et les relations des spectateurs sous la loupe du chercheur
Au-delà des prestations d’artistes émergents, ce festival avait également une visée scientifique, notamment avec l’emploi de l’application mobile Affinity Globe, qui a pris le pouls des festivaliers en temps réel
Le Festival Fono a laissé des souvenirs indélébiles aux spectateurs venus acclamer des artistes émergents de tous les styles. D'ordinaire, un événement musical d'une telle ampleur ne se déploie pas sur un campus universitaire. Associée avec BLEUFEU pour tenir un tel rendez-vous, l'Université Laval a saisi l'occasion pour présenter, en marge des prestations musicales, une programmation scientifique.
Ce volet scientifique comprenait deux parties: un colloque sur la gestion et la logistique des festivals de musique, qui s'est tenu le 12 septembre, sous la direction scientifique de la professeure Sophie Stévance, et une étude du bien-être des festivaliers et des différentes relations qu'ils peuvent établir – entre eux, avec les artistes, avec l'événement, avec le lieu –, sous la direction scientifique du professeur Serge Lacasse.
«Pour réaliser cette étude sur le bien-être et les interactions, notamment interculturelles, nous avons utilisé deux moyens différents», précise Serge Lacasse, professeur à la Faculté de musique.
Tout d'abord, une enquête de type ethnographique a été menée par l'ethnomusicologue et stagiaire postdoctoral à la Faculté de musique Anthony Grégoire. Accompagné de quelques étudiants, il a sondé une centaine de spectateurs sur leur engagement dans le Festival Fono et les interactions qu'ils ont eues pendant l'événement. «Nous avons, entre autres, formulé cette hypothèse de recherche. Le campus est un lieu multiculturel, mais les étudiants d'ici et de l'international n'ont pas toujours l'occasion de vraiment se côtoyer et d'échanger. Un événement festif et rassembleur comme le Festival Fono peut favoriser les échanges interculturels parce que tous sont réunis autour d'un intérêt commun: la musique. Une partie du sondage portait donc sur ce sujet», explique Serge Lacasse, qui prendra le temps avec l'équipe d'analyser les résultats du sondage au cours des prochaines semaines.
L'autre moyen employé pour étudier l'engagement et les relations des festivaliers s'appelle Affinity Globe. Il s'agit d'une innovation technologique, qui repose à la fois sur une application Web et la géolocalisation. «Le Festival Fono a constitué, en quelque sorte, un laboratoire de recherche pour tester l'usage de l'application mobile dans un événement de grande envergure», révèle le professeur Lacasse, cocréateur de cette innovation technologique.
Affinity Globe, pour créer des liens et mesurer le bien-être
Inventée en 2012 par Serge Lacasse et Guillermo Saldana, Affinity Globe est une solution technologique, développée par l'entreprise du même nom, pour appairer les utilisateurs selon des intérêts, des lieux, des caractéristiques, etc. Le brevet de cette application appartient à l'Université Laval.
«L'idée, c'est de permettre les croisements et recroisements de plusieurs types d'informations qui concernent les utilisateurs. Ces derniers peuvent être des individus ou encore des événements, comme le Festival Fono, ou des lieux, comme un pavillon de l'Université Laval. Chaque utilisateur peut créer un ou plusieurs profils, qui correspondent à un intérêt particulier. Accompagnée d'une géolocalisation, qu'on peut activer ou non, l'application mobile permet de créer des liens et de discuter avec des utilisateurs qui partagent un intérêt commun dans un lieu donné», détaille Serge Lacasse.
Cette année, l'application a surtout servi à prendre le pouls du public en temps réel. Quelques questions ont été posées aux utilisateurs avant, pendant et après le festival pour avoir un aperçu de leurs impressions, de leur bien-être et de leurs interactions entre eux et avec l'événement.
«Durant le Festival Fono, ajoute le professeur, nous n'avons pas largement invité les spectateurs à utiliser l'application. Ce que nous souhaitions, cette année, c'était de la mettre à l'épreuve auprès d'un groupe relativement restreint d'utilisateurs. En collaboration avec l'équipe du Festival, nous avons donc testé les possibilités.» Et quelles sont ces possibilités? Elles sont fort nombreuses, selon le chercheur. On peut s'en servir pour diffuser un message du service de sécurité, faire du marketing, créer un lien immédiat entre les artistes sur scène et le public, mesurer l'engagement des spectateurs en temps réel, créer des interactions entre les festivaliers, etc.
Après un premier bilan rapide, les résultats de la mise à l'épreuve sont largement positifs. Il y a donc fort à parier que le Festival Fono et Serge Lacasse mettront davantage à profit l'application si l'événement revient l'an prochain.