31 juillet 2025
Faciliter les transitions de soins pour les personnes âgées vivant avec une maladie neurodégénérative
Une équipe pancanadienne dirigée par l'Université Laval reçoit un financement pour améliorer le cheminement des membres de communautés francophones atteints de troubles cognitifs

Des outils adaptés sont essentiels pour soutenir les personnes vivant avec un trouble cognitif et leurs proches dans le parcours de soins.
— Getty Images - Chinnapong
Changer de milieu de soins est souvent une étape délicate pour les personnes âgées vivant avec une maladie neurodégénérative, comme l'alzheimer. Mal planifiées, ces transitions peuvent nuire à la qualité de vie. Pour répondre à cet enjeu, une équipe pancanadienne codirigée par le professeur Patrick Archambault et la professeure France Légaré, de la Faculté de médecine de l'Université Laval, a reçu une subvention de 1 075 000$ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).
L'objectif est d'améliorer le passage entre les différents points de services du système de santé. «Lorsqu'une personne retourne à la maison après une hospitalisation, par exemple, il y a toute une série d'informations qui ne suit pas toujours le patient», rapporte Patrick Archambault, chercheur affilié au Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches.
Des solutions pratiques pour un meilleur parcours de soins
L'équipe souhaite recenser, adapter et implanter des outils concrets qui facilitent ces passages souvent complexes dans le système de santé. Parmi eux, un outil d'aide à la décision développé par l'équipe de France Légaré permet aux personnes aînées de choisir entre rester à domicile ou déménager dans un milieu adapté. «La décision du lieu de vie ou de soins pour les aînés est une des questions les plus difficiles qui survient fréquemment», rapporte la titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la décision partagée et l'application des connaissances.
Un autre outil prometteur est un journal de bord pour les personnes proches aidantes, inspiré d'un carnet de vaccination ou de grossesse. «Ça leur permet de documenter les informations que les professionnels leur donnent, car elles deviennent souvent le fil conducteur à travers les différents points de service», explique le professeur Archambault, qui a travaillé sur cet outil.
Un projet collaboratif au service de la francophonie
Au-delà du recensement, l'équipe mise sur une approche collaborative pour maximiser les retombées du projet. Elle priorisera les outils selon les besoins réels, en collaboration avec des personnes patientes et des personnes proches aidantes partenaires.
Pour le projet, l'équipe cible les communautés francophones en situation minoritaire, souvent plus vulnérables lors des transitions de soins en raison d'une barrière de langue. L'équipe est d'ailleurs la seule à avoir soumis son projet en français parmi les 16 initiatives financées par les IRSC.
«On veut que les outils développés ici puissent bénéficier à d'autres communautés francophones, mais aussi que le Québec puisse s'inspirer de ce qui se fait ailleurs», soutient Patrick Archambault.
Trois milieux francophones ont déjà été ciblés: un au Manitoba, en collaboration avec l'Université de Saint-Boniface, un au Nouveau-Brunswick avec l'Université de Moncton, et un en Ontario avec l'Université d'Ottawa. D'autres milieux, notamment au Québec, s'ajouteront au fil du projet.
Des expertises variées réunies pour transformer les pratiques
La richesse de l'équipe vient de sa transdisciplinarité. «On retrouve des chercheurs, des professionnels de la santé, des décisionnaires, des groupes communautaires, des fondations privées, des patients et des proches aidants. On a vraiment une grande diversité de gens qui ont à cœur de faciliter les transitions de soins», souligne France Légaré.
Les étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs sont aussi une aide précieuse dans l'équipe. «Nous en avons beaucoup qui viennent du monde francophone international. C'est une véritable force de frappe que nous formons», souligne France Légaré.
Outre le mentorat de la relève, des formations seront aussi offertes aux équipes cliniques, aux personnes proches aidantes, aux personnes aînées et au grand public. «On veut toucher l'ensemble des gens concernés, faire un 360°», résume France Légaré.
L'équipe, baptisée AQUILA – pour Améliorer la qualité de vie des personnes âgées vivant avec une maladie neurodégénérative par l'étude de la mise à l'échelle d'outils soutenant les transitions de soins au sein des communautés francophones au Canada – reçoit cette subvention dans le cadre de la phase 3 du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement des IRSC.
Les autres chercheuses et chercheurs de l'Université Laval participant au projet sont Simon Berthelot, Antoine Groulx, Maude Laberge, tous les trois de la Faculté de médecine, et Anne-Marie Savard, de la Faculté de droit.