Les corps sur la neige (Robert Laffont), par Stéphane Ledien
Docteur en études littéraires et créateur du cours Écriture du roman policier à l'Université Laval, Stéphane Ledien connaît bien les rouages de ce genre littéraire. Avec son intrigue bien ficelée, son rythme haletant et ses meurtres à répétition, Les corps sur la neige est un triller addictif qui respecte les codes du genre.
L'action se déroule en 2012, à l'époque des audiences de la Commission Charbonneau. Un journaliste français est assassiné. Une reporter new-yorkaise échappe de peu à la mort, alors qu'un ancien tireur d'élite devenu déneigeur de toits est ciblé par des membres du crime organisé. Ajoutez à cela des politiciens corrompus, un ex-agent du FBI et une tueuse mexicaine et vous avez tous les ingrédients pour un cocktail explosif.
Outre ce roman, qui couronne la fin de sa thèse en recherche-création, Stéphane Ledien est l'auteur d'une trilogie policière intitulée Les phalanges d'Eddy Barcot et du recueil Des trains y passent encore, en plus d'avoir signé des nouvelles dans des collectifs et des articles scientifiques.
Trop de Pascale (Triptyque), par Pascale Bérubé
C'est l'œuvre qui a été couronnée du prix de la poésie Jean-Noël-Pontbriand, remis par l'Université Laval dans le cadre des Prix littéraires de la Ville de Québec. Dans cet essai poétique, Pascale Bérubé explore les thèmes de la féminité, de l'image corporelle et de la beauté en cette ère du numérique, des réseaux sociaux et de la publicité.
Dans un enchaînement de phrases sans majuscules et avec peu de ponctuation, l'autrice se présente sous différents angles, un peu comme si elle examinait son reflet dans un kaléidoscope ou un miroir déformant. À travers ces multiples déclinaisons de son identité, elle dresse un portrait saisissant de ce monde dans lequel nous vivons, entourés d'écrans qui nous renvoient des images de nous-mêmes.
Avant de publier ce livre, Pascale Bérubé a signé des textes dans des collectifs et des poèmes dans des revues. En tant que lauréate du prix Jean-Noël-Pontbriand, elle a reçu une bourse de 5000$ et une plaque honorifique de l'Université Laval, en plus de faire partie de la programmation du Salon international du livre de Québec en avril dernier.
Congé (La Mèche), par Cassie Bérard
Clémence, une policière en congé qui vit sur une ferme héritée de son père dans les Cantons-de-l'Est, entreprend un voyage à Portland, dans le Maine, pour percer un mystère qui l'assaille. Son amant américain, un piètre romancier qui se prend pour un grand maître de l'horreur, a laissé un manuscrit inspiré d'un meurtre irrésolu datant de 1903. L'enquête de la policière, entrecoupée de tranches de vie de son histoire familiale, est racontée au je par une narratrice liée au drame et dont l'identité se révèlera peu à peu.
Cassie Bédard signe une œuvre énigmatique qui mêle les codes de l'horreur et du roman policier. Plus le récit avance, plus les motivations des personnages se précisent et les morceaux du casse-tête s'emboîtent. L'ambiance et plusieurs aspects de l'histoire sont inspirés de l'œuvre de Stephen King, lui-même originaire de Portland.
Titulaire d'un doctorat en littérature à l'Université Laval, Cassie Bédard est professeure à l'Université du Québec à Montréal. Congé est son cinquième roman.
Pour en finir avec Dollard (Boréal), par Patrice Groulx
Qui était véritablement Dollard des Ormeaux? Héros pour les uns, honte pour les autres, cette figure controversée de l'histoire de la Nouvelle-France fait l'objet d'un essai qui vient éclaircir une grande part du mystère.
En 1660, rappelons-le, Dollard des Ormeaux a mené une expédition militaire contre un groupe de Haudénosaunés (Iroquois). Dans un glorieux acte de bravoure, il aurait sacrifié sa vie pour sauver la jeune colonie de Montréal. Ça, c'est l'histoire officielle, qui a fait de lui un symbole patriotique et religieux. Or, aujourd'hui, cette version du récit est remise en question par de nombreux acteurs.
À partir d'une multitude de sources, incluant les recherches les plus récentes sur les peuples autochtones et leurs contacts avec les colons européens, Patrice Groulx offre une relecture de la bataille. En plus de la création du mythe entourant Dollar des Ormeaux, il s'intéresse au rôle joué par les autochtones dans le développement de la colonie, particulièrement les Wendats.
Patrice Groulx est enseignant et consultant en études patrimoniales et en commémoration. Outre cet essai sur Dollard des Ormeaux, on lui doit notamment une biographie de François-Xavier Garneau.
Fouolles (Triptyque), par Si Poirier
L'actualité le démontre: la transphobie est encore bien présente dans nos sociétés. Comment survivre à la haine, au mépris et aux préjugés qui s'expriment dans l'espace public? Artiste trans non binaire, Si Poirier tente de répondre à cette question dans Fouolles, un recueil de poésie qui flirte avec l'essai.
Avec son écriture au nous, Si Poirier porte la parole des personnes qui ne se reconnaissent pas dans la binarité des genres et tire à boulets rouges sur tous ceux qui remettent en question leurs droits, qui «tranchent, ridiculisent, invalident, jouent au juge, à la narration omnisciente, à Dieu.» Dans une langue à la fois incisive et remplie d'humanité, Si Poirier s'insurge et dénonce, mais rend aussi hommage à cette communauté «superpuissante qui a le pouvoir de changer le monde».
Si Poirier a effectué un baccalauréat en études littéraires. Outre Fouolles, on lui doit le recueil Particules mélancoliques, publié chez Le lézard amoureux, en plus de textes dans un collectif et des revues.
À même le ciel, une traversée plus lente (Hamac), par Lyne Richard
Après avoir remporté le Prix de la création littéraire de la Ville de Québec avec Prismacolor no 325, Lyne Richard dévoile sa vision du passage du temps dans ce recueil de poésie à la fois sombre et très beau.
Les textes, qui débordent de vérité, sont écrits au tu, un peu comme si l'autrice voulait interpeller le lecteur pour lui rappeler l'inévitable qui l'attend. La mort, le vieillissement du corps et le deuil sont décrits avec des mots parfois durs, mais qui ne sont pas dénués d'espoir.
Ancienne étudiante en création littéraire, Lyne Richard a publié plusieurs livres, en plus d'avoir une pratique en art visuel.
Le village dans la mer (Éditions de l'Isatis), par Félix Girard
Bien connu comme illustrateur et artiste-peintre, Félix Girard propose un premier livre en tant qu'auteur. Le village dans la mer, un projet d'album jeunesse qu'il caressait depuis longtemps, porte sur le thème des changements climatiques.
L'histoire est celle d'un jeune homme qui habite dans un village insulaire en proie à des inondations de plus en plus fréquentes. Sa maison étant menacée, il décide de déménager tout en sauvant cet héritage familial. Sa solution: demander au géant vivant sur l'île voisine de transporter sa maison jusqu'à un lieu plus sécuritaire.
Félix Girard a étudié en architecture, ce qui transparait dans ce récit qui aborde de façon ludique de grandes questions liées à l'environnement, le patrimoine et l'aménagement du territoire. Une histoire touchante et – bien sûr – joliment illustrée à partager avec les enfants.
Michelin (Éditions du Quartz), par Michel-Maxime Legault
Michelin, c'est le prénom que les parents de Michel-Maxime Legault voulaient lui donner à la naissance. «Ma sœur schizophrène qui avait toute sa tête a empêché la catastrophe en disant "Ben voyons, c'est pas un pneu." J'ai ainsi été épargné et on m'a appelé Michel. Merci Chantal!» C'est ainsi que le comédien et metteur en scène raconte cette anecdote cocasse en introduction de Michelin, son premier roman.
Celui qui enseigne le jeu scénique est né sur une ferme en Montérégie. Dans ce livre, il raconte son départ de sa région natale, sa relation avec ses parents et ses six frères et sœurs, sa découverte du théâtre et sa sortie du placard. À travers de brefs chapitres, il aborde des thèmes comme la ruralité, la perte de l'innocence de l'enfance, l'hypersensibilité ou encore la quête identitaire. Le tout avec énormément d'amour envers ses proches et d'autodérision.
Avant d'être un livre, Michelin était un texte destiné à être un monologue sur scène. Cette création, mise en scène par Marie-Thérèse Fortin, a été présentée notamment sur les planches du Grand Théâtre de Québec.
Poussière d'été (La courte échelle), par Joanie Boutin
Dans ce roman qui s'adresse au jeune lectorat (à partir de 14 ans), Joanie Boutin aborde les thèmes du deuil et des relations qui aident à guérir. Maëlle, 18 ans, a été victime d'un accident de la route dans lequel elle a perdu sa meilleure amie. Pour échapper à sa peine, elle décide de passer l'été chez sa grand-mère, dans un village côtier. Là-bas, elle fera la rencontre de nouveaux amis, grâce auxquels elle pourra se reconstruire peu à peu, sans toutefois oublier ce qui s'est passé.
Joanie Boutin offre une histoire touchante de résilience, d'amour et d'amitié. Son écriture, accessible et imagée, permet d'aborder avec les adolescents des sujets délicats, mais importants.
Poussière d'été est le troisième roman jeunesse de l'autrice après La collision des étoiles et Noël à contretemps. Celle qui a effectué un baccalauréat en langue française et rédaction professionnelle fait aussi carrière en traduction.
Les plus belles légendes de Charlevoix (Éditions Charlevoix), par Serge Gauthier
La région de Charlevoix, en plus de ses paysages et de sa gastronomie, est un terreau particulièrement fertile pour les légendes qui ont marqué l'histoire du Québec. C'est le constat que l'on fait en lisant cette plaquette de 60 pages.
Dans une langue claire et accessible à tous, l'historien et ethnologue Serge Gauthier raconte 25 légendes rattachées au territoire. Si certaines relèvent du fantastique, toutes reposent sur un fond de vérité. Citons notamment la légende d'Alexis Lapointe, dont les exploits et la passion pour la course lui ont valu le surnom d'Alexis le Trotteur, ou encore celle de Louis Simard, un artiste aveugle qui voyageait avec sa charrette qu'il tirait lui-même. À travers ces récits, ce sont divers aspects de l'histoire de Charlevoix qui sont racontés, comme la place de la religion, la construction des villages, la cohabitation entre autochtones et colons français, la Conquête anglaise ou encore la vie de navigateur.
Titulaire d'un doctorat en ethnologie et d'une maîtrise en théologie, Serge Gauthier contribue activement à faire connaître le patrimoine de sa région. Il a fondé la Société d'histoire de Charlevoix, en plus d'être directeur des Éditions Charlevoix et d'avoir publié une quarantaine de livres.