Pour de nombreux petits et grands lecteurs, le clan des Papinachois sera toujours associé à l'œuvre de Michel Noël. Décédé en 2021, cet auteur d'origine algonquine a travaillé une bonne partie de sa vie à faire connaître les traditions et les légendes des Premiers Peuples. Lauréate du premier prix du Conseil des arts du Canada, étudiée dans les écoles, sa série Les Papinachois a connu le succès jusqu'en Europe.
Pour souligner l'importance de l'auteur et dans la foulée des initiatives visant à mettre en valeur la richesse culturelle des communautés autochtones, la Bibliothèque de l'Université Laval présente l'exposition Place aux Papinachois au quatrième étage du pavillon Jean-Charles-Bonenfant, jusqu'au 20 octobre 2024.
«L'exposition comprend plusieurs illustrations originales, mais aussi des esquisses, des plans de travail et des objets qui permettent de découvrir tout le processus de création derrière Les Papinachois», explique la commissaire, Joanne Ouellet.
Chargée de cours à l'École de design jusqu'à récemment, Joanne Ouellet connaît bien l'œuvre de Michel Noël, puisque c'est elle qui a réalisé l'ensemble de ces illustrations. Trois décennies durant, le duo a signé plusieurs collaborations, en plus de donner des conférences ici et là. «Michel aimait rencontrer les gens et raconter l'histoire des Premières Nations. Avec ses talents de conteur, il était une encyclopédie sur deux pattes. J'ai appris beaucoup en donnant des conférences avec lui», admet celle qui se plaît à poursuivre ce travail de médiation.
La première collaboration de Joanne Ouellet avec l'auteur remonte à l'époque où elle était aux études à l'École de design. «Comme beaucoup d'étudiants, je ne savais pas ce que je voulais faire en sortant de l'université. Par contre, j'avais envie d'illustrer des contes et des légendes. En rencontrant Michel, il m'a dit “Joanne, on va faire quelque chose de grand ensemble”. Il avait confiance, même s'il ne me connaissait pas.»
Le premier titre des Papinachois est paru en 1981 aux Éditions Hurtubise à une époque où les littérature jeunesse et autochtone étaient peu valorisées. La série, qui comprend 16 titres, a connu une deuxième vie en 2012 lorsque les éditions Dominique et compagnie en ont racheté les droits. Pour Joanne Ouellet, ce fut l'occasion de replonger dans les illustrations qu'elle avait réalisées à l'époque et d'y ajouter une foule de détails. Huit nouveaux albums ont été créés, en plus d'une série sur les Hurons-Wendats et les Mohawks.
Ces livres, qui abordent des thèmes comme les relations familiales, l'école, l'agriculture ou le rapport à la nature, sont les fruits de recherches méticuleuses, chaque élément du récit et des images ayant une importance capitale. «La vérité était très importante dans le processus de création. Michel travaillait ses textes en fonction de ce qu'il a vécu dans sa jeunesse. Pour les illustrations, il me fournissait énormément de documentation. Je me suis aussi basée sur certains souvenirs d'enfance, comme j'ai grandi tout près de la réserve de Wendake», raconte Joanne Ouellet.
À son tour de passer le flambeau
Après avoir partagé sa passion du dessin et de l'illustration pendant 30 ans à l'École de design, Joanne Ouellet a tiré sa révérence du milieu de l'enseignement. Un peu comme Michel Noël l'avait fait avec elle au début des années 1980, elle a fait place à un artiste de la relève. C'est l'un de ses anciens étudiants, Charles-Étienne Brochu, qui a pris le relai comme chargé de cours après qu'elle l'ait encouragé à se lancer dans l'enseignement.
Un parcours multifacettes
Cet automne, Joanne Ouellet est doublement à l'honneur à la Bibliothèque puisqu'une autre exposition, présentée au 1er étage du pavillon cette fois, lui est consacrée. En effet, jusqu'au 14 avril 2024, l'exposition Des oiseaux et des îles – L'art de Joanne Ouellet réunit de superbes tableaux issus de ses explorations artistiques sur les berges du Saint-Laurent. Le tout est présenté conjointement avec des objets tirés des collections de l'Université.
«L'équipe de la Bibliothèque qui monte les expositions est extraordinaire! Je n'en reviens pas. C'est fabuleux comment ils ont été capables de mettre en valeur mon matériel. La Bibliothèque présente des expositions d'une très grande qualité», conclut l'artiste.
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En 2017, le journal Le Fil, l'ancêtre d'ULaval nouvelles, publiait un article sur la démarche artistique de Johanne Ouellet et sa collaboration de longue date avec Michel Noël. Relisez cet article qui fait d'ailleurs partie des artéfacts de l'exposition Place aux Papinachois: