Un composé du sirop d'érable, le québécol, pourrait conduire au développement de nouveaux traitements contre le psoriasis, suggère une étude publiée dans la revue Pharmaceutics par une équipe de recherche de l'Université Laval. En effet, le québécol et deux de ses dérivés ont montré un potentiel intéressant pour contrer les problèmes de prolifération et de différenciation des cellules cutanées qui caractérisent cette maladie.
Rappelons que le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique qui touche entre 2% et 3% de la population mondiale. Elle entraîne une hyperprolifération et une différenciation anormale des cellules cutanées. Chez une personne en santé, il faut entre 28 et 50 jours pour renouveler les cellules de l'épiderme. Chez une personne atteinte de psoriasis, le renouvellement se fait, vite et mal, en 8 à 10 jours. Les traitements actuels parviennent à freiner ou à résorber la maladie, mais ils sont relativement coûteux et ils peuvent avoir des effets secondaires indésirables.
Dans l'espoir de trouver de nouveaux traitements, une équipe de l'Université Laval et de l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) a réalisé des expériences à l'aide du québécol et de ses dérivés. «Ces composés nous semblaient avoir un potentiel intéressant en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires et anti-prolifératives», explique Roxane Pouliot, professeure à la Faculté de pharmacie et chercheuse au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Les expériences ont été effectuées à l'aide d'un modèle de peau psoriasique créé par l'équipe de la professeure Pouliot. «Ce modèle est produit à partir de cellules du derme et de l'épiderme de personnes souffrant de psoriasis, précise la chercheuse. Nous avons mesuré la concentration de québécol et de ses dérivés qui permet de réduire la prolifération des cellules cutanées de 20%. L'objectif est de ralentir leur prolifération sans les tuer.»
Après seulement trois traitements répartis sur une semaine, le québécol et deux de ses dérivés ont donné des résultats très encourageants. Les examens microscopiques des modèles de peau ont montré que ces trois composés entraînent une réduction de la prolifération des kératinocytes, une diminution de l'épaisseur de l'épiderme et une meilleure différenciation des cellules épidermiques. «Ces composés sont plus efficaces et moins toxiques que le méthotrexate, un médicament prescrit pour les formes sévères de psoriasis en plaques», précise la professeure Pouliot.
Les travaux antérieurs de son équipe avaient révélé que certains oméga-3 ainsi que des molécules isolées du peuplier baumier avaient un potentiel thérapeutique contre le psoriasis. Il faut désormais ajouter le québécol et deux dérivés à cette liste. Quelles suites faut-il attendre de ces travaux? «Nous utilisons notre modèle de peau psoriasique pour mieux comprendre la mécanique de cette maladie et pour identifier des molécules qui permettraient de mieux la soigner, explique Roxane Pouliot. Nos résultats sont publiés et nous espérons que des équipes spécialisées en formulation de médicaments et en essais cliniques prendront le relais.»
L'étude parue dans Pharmaceutics est signée par Corinne Bouchard, Alexe Grenier, Sarah Bélanger et Roxane Pouliot, de la Faculté de pharmacie et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, Normand Voyer, du Département de chimie et du Réseau de recherche PROTEO, et Sébastien Cardinal, de l'UQAR.
À ceux qui seraient tentés de s'autoprescrire du sirop d'érable pour traiter leur psoriasis, il faut savoir que le québécol se retrouve en quantité excessivement faible dans les produits de l'érable. C'est grâce à des travaux réalisés en 2013 par Sébastien Cardinal et Normand Voyer qu'il est possible d'en synthétiser en quantité suffisante pour étudier ses propriétés.