La sortie du film, en 1981, avait fait couler beaucoup d'encre, et pour cause. C'est surtout pas de l'amour: Un film sur la pornographie, comme son titre l'indique, porte sur cette lucrative et controversée industrie. Œuvre phare du Studio D, un programme de l'Office national du film du Canada (ONF), ce documentaire signé Bonnie Sherr Klein donne la parole autant à des acteurs pornographiques et travailleuses du sexe qu'aux détractrices qui dénoncent ce milieu, comme Kate Millet et Margaret Atwood.
«Ce film a été énormément critiqué et même censuré à l'époque. Son but est de condamner la violence dans la pornographie et l’exploitation sexuelle des femmes, en plus de faire réfléchir sur différentes ramifications de l'industrie. C'est un film qui ouvre beaucoup de portes pour une réflexion. D'ailleurs, au fil des entrevues, on voit une progression dans les pensées de certaines personnes qui travaillent dans l'industrie du sexe», indique Marie-Josée Saint-Pierre, professeure à l'École de design de l'Université Laval.
Le 8 mars, à 18h30, cette chercheuse en études féministes animera une activité sur le sujet au Théâtre de la cité universitaire (local 1104 du pavillon Palasis-Prince). Pour souligner la Journée internationale du droit des femmes, la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, Savoirs et Sociétés présentera le film sur grand écran. La projection, gratuite et ouverte à tous, sera suivie d'une table ronde avec Alanna Thain, professeure à l'Université McGill et directrice de l'Institute for Gender, Sexuality and Feminist Studies, Julie Ravary-Pilon, chargée de cours en études cinématographiques à l'Université de Montréal, et Géraldine Masoungue, intervenante sociale pour Viol-Secours CALACS de Québec.
«Autant de temps sera dédié à la projection qu'à la discussion, dit Marie-Josée Saint-Pierre. Même s'il date de 1981 et que les chiffres présentés sur l'industrie ne sont plus à jour, le film demeure extrêmement d'actualité, notamment par rapport à la condition des femmes et l'influence de la pornographie sur les gens. J'ai hâte de voir comment le public va le recevoir en 2022.»
Cette activité est la première d'une série de projections mise sur pied par la Chaire Claire-Bonenfant et divers partenaires. Elle-même cinéaste ayant collaboré à plusieurs reprises avec l'ONF, la professeure Saint-Pierre profite de ses contacts dans le milieu du cinéma pour organiser ces rencontres où elle espère susciter discussions et réflexions sur les enjeux du féminisme.
Une autre date à encercler à l'agenda
Le 7 avril, ce sera au tour de la cinéaste d'animation Michèle Cournoyer de venir sur le campus dans le cadre d'une rétrospective qui lui est consacrée. Plusieurs de ses courts métrages maintes fois primés seront présentés. On pourra voir notamment Le chapeau, troublante exploration du thème de l'inceste, et Robe de guerre, qui aborde la réalité d'une femme kamikaze.
Pour l'occasion, la réalisatrice sera accompagnée des productrices Julie Roy, auteure d'un mémoire sur son œuvre, et Christine Noël, qui a distribué l'ensemble de ses films.
«Nous sommes très choyés de pouvoir accueillir Michèle Cournoyer sur le campus, se réjouit Marie-Josée Saint-Pierre. Cette femme est une figure incontournable du cinéma d'animation au Québec. Elle fait des films percutants sur des thèmes tabous avec un style d'animation tout à fait exceptionnel. Pour ceux qui ne connaissent pas cette cinéaste, ce sera une occasion extraordinaire de découvrir ses films produits à l'ONF. On aura à la fois la vision de la cinéaste et celle de femmes qui ont travaillé avec elle et sur elle. C'est un honneur de recevoir ce trio à l'Université Laval.»
Les projections de la Chaire Claire-Bonenfant sont financées par le comité scientifique du Réseau québécois en études féministes et la Faculté d'aménagement, d'architecture, d'art et de design de l'Université Laval.
Plus d'information sur la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, Savoirs et Sociétés