
En préparation depuis au moins deux ans, ce plan a été conçu sans la collaboration de l’Autorité palestinienne. Si en théorie il s’appuie sur le principe de deux États, dans les faits, Israël s’y voit autorisé à annexer une part très importante des territoires occupés depuis la guerre de 1967.
Quelles pourraient être les conséquences de ce plan sur Israël et les territoires occupés?
La situation d’occupation des territoires et la présence des colonies juives vont continuer. Tout comme la présence, dans le gouvernement israélien, de partisans de l’annexion totale de ces territoires à l’État d’Israël. Aujourd’hui, il n’existe ni dans ce pays ni aux États-Unis de mouvement assez fort pour faire changer ce type de politique. Le projet de plan de paix du président américain a donc toutes les chances de renforcer cette évolution. Jusqu’à présent, les Nations unies, les pays occidentaux, y compris le gouvernement des États-Unis, jugeaient pourtant illégale l’annexion des territoires occupés en 1967 et contrôlés actuellement par Israël. Or, Donald Trump, depuis son arrivée au pouvoir, a reconnu l’annexion de Jérusalem et celle du plateau du Golan (un territoire syrien occupé par Israël depuis 1967, NDLR). Ce plan y rajoute l’approbation par les États-Unis de l’annexion de toutes les colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie, ainsi que de la vallée du Jourdain. Les détails d’un futur État palestinien manquent encore, mais selon le plan, il se limiterait aux zones où s’exerce présentement une administration civile palestinienne. Le reste, c'est-à-dire les portions de territoire sur lesquelles on retrouve notamment les colonies juives, serait rattaché à l’État israélien. Le plan donne donc aux annexionnistes israéliens un argument de taille face aux Israéliens qui s’opposent à leur politique et qui sont déjà très affaiblis.
De quels appuis disposent les Palestiniens face à ce plan de paix auquel ils n’ont pas participé?
Ces appuis viendront très peu des États arabes. Depuis presque 40 ans, cette question a cessé d’intéresser les gouvernements de ces États, même si la cause continue à mobiliser les populations comme en Égypte. La guerre civile en Syrie, la situation explosive en Irak, les très difficiles relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran préoccupent bien davantage aujourd’hui les dirigeants arabes. Désormais, la capacité des Palestiniens d’améliorer leur situation dépend surtout de leur propre capacité d’organisation et de protestation sur le terrain, à Gaza et en Cisjordanie. Pour l’instant, le plan proposé constitue un triomphe pour le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, puisqu’il correspond à 90% au programme de son parti politique, le Likoud. De plus, le projet révèle que la politique américaine est devenue plus alignée sur celle du gouvernement israélien qu’elle ne l’était sous les prédécesseurs de Trump. La capacité des pays extérieurs à faire pression sur Israël est donc en déclin, ce qui contribue à affaiblir encore plus les mouvements d’opposition à l’intérieur d’Israël.
À défaut de disposer d’un appui de gouvernements extérieurs, les Palestiniens pourraient-ils faire appel au droit international?
Ceux-ci ont connu une expérience très pénible à la Cour internationale de justice à La Haye, dans les années 2000. L’Autorité palestinienne y poursuivait Israël. Elle contestait le fait que le tracé du mur de séparation, qui était alors en construction, débordait à l’intérieur des territoires occupés. Le tribunal a jugé légitime la construction d’une barrière de sécurité par Israël, à condition que celle-ci soit construite sur son propre territoire et ne s’étende pas sur les territoires occupés. Or, Israël n’a tenu aucunement compte de ce jugement plutôt raisonnable. Au Canada, et malgré le fait que notre pays défende le droit international, le gouvernement libéral de Paul Martin avait déclaré que ce problème devait être réglé par la négociation directe entre Israéliens et Palestiniens, et non par une décision judiciaire. Et si un jour, la Cour de justice internationale en venait à déclarer illégal le plan de Trump? Cela n’aura aucune conséquence. Seul le Conseil de sécurité des Nations unies a le pouvoir de rendre des décisions juridiquement obligatoires, décisions qui ne sont même pas toujours suivies d’effet. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que les États-Unis y disposent d’un droit de veto.