
Pour Maude Deschênes-Pradet, le yoga véhicule une philosophie et des valeurs qui influencent certainement son écriture.
— Marc Robitaille
Malgré son aspect tragique, ce roman dépeint un univers rempli de poésie et de lumière. «D'une histoire à l'autre, il y a beaucoup d'espoir et de beauté. La présence constante de la mort et la nécessité de la survie font ressortir de beaux moments, qui paraissent encore plus forts parce qu'ils sont mis en contraste avec cet univers très dur et intense», souligne Maude Deschênes-Pradet.
Le roman, son second après La corbeille d'Alice, est le fruit d'une thèse en recherche-création qu'elle a réalisée sur les lieux inventés. À l'instar des écrivains qu'elle a étudiés – Serge Lamothe, Anne Legault, Esther Rochon et Élisabeth Vonarburg – elle a su rendre crédible et captivant un monde créé de toutes pièces. Ce travail relève d'un long processus. Pendant plus de deux ans, elle a écrit des idées et des bouts de textes sur des Post-it, collés un peu partout sur les murs de son bureau. «L'écriture s'est faite par fragments. Par la suite, j'ai fait du ménage, j'ai replacé les idées dans un ordre qui me semblait plus logique et j'ai bouché des trous où il manquait de l'information. Mis ensemble, ces petits bouts de textes ont fini par former une histoire», explique-t-elle.
Diplômée d'un baccalauréat en enseignement, Maude Deschênes-Pradet s'est lancée dans des études en littérature (d'abord un certificat en création littéraire, puis une maîtrise et enfin un doctorat) par amour de la lecture. Un peu comme son écriture, son parcours n'était pas écrit dans les étoiles. «J'ai toujours lu beaucoup de science-fiction, mais je n'aurais jamais pensé approcher ce sujet dans une perspective universitaire. Mon objectif, au départ, était de lancer un projet d'écriture, tout simplement, avec l'aide d'un mentor, qui fut le professeur Alain Beaulieu. Ma maîtrise m'a amenée à publier La corbeille d'Alice, puis j'ai entamé une réflexion sur ce que ça implique l'écriture de lieux qui n'existent pas», dit celle dont le premier roman a été finaliste pour le prestigieux prix Senghor 2014. À peine lancé, son second a été nommé «Livre du mois» par le magazine Châtelaine.
En plus d'être une auteure reconnue, Maude Deschênes-Pradet est aussi une professeure de yoga. Depuis le début de ses études doctorales, elle enseigne les rudiments de cette discipline au PEPS. Son travail, qui teinte sans conteste son écriture, lui procure un précieux équilibre. «Le yoga me fait un bien fou. Cela m'aide à être disciplinée dans mon horaire. Au-delà des exercices physiques, le yoga véhicule une philosophie et des valeurs qui influencent certainement ma vision du monde, mais aussi mon écriture et mon désir de créer des personnages qui évoluent dans l'espoir et la beauté. Cet optimisme qui demeure malgré le contexte difficile, cela vient sans doute de ma relation avec le yoga», répond-elle lorsqu'on la questionne sur le sujet.
Comme pour ses deux premiers livres, son prochain ouvrage, déjà en cours de préparation, se fait sans planification aucune. Pour l'instant, elle est à l'étape de noircir des feuilles de notes. Ce projet de longue haleine devrait donner lieu, encore une fois, à un nouvel univers fascinant.