
Pour réaliser l'exposition Histoires lacrymogènes, Paryse Martin a imbriqué des univers distincts, dont plusieurs font référence à des contes bien connus. L'installation a été présentée du 6 septembre au 6 octobre 2013 dans la grande galerie de L'Oeil de Poisson.
— Ivan Binet
L'installation Histoires lacrymogènes, qui regroupait de gigantesques sculptures de papier mâché et de différents matériaux recyclés, a lancé la programmation de L'Oeil de poisson l'an dernier. La décrire n'est pas une mince affaire, et ce, même pour la principale intéressée. «C'est impossible à résumer dans un seul paragraphe, il y avait tellement d'affaires! Avec cette exposition, je revendiquais le droit de mettre en place des choses qui ne vont pas forcément ensemble. J'ai travaillé de façon intuitive à partir d'atmosphères poétiques et d'accumulations de concepts», dit-elle pour expliquer sa démarche.
L'artiste établie, qui enseigne la peinture et le dessin à l'École des arts visuels, a consacré plusieurs mois à la réalisation de ce projet. S'inspirant de contes qui ont bercé son enfance, elle a donné vie à un univers fantastique peuplé de personnages hétéroclites. Il y avait notamment un cheval suspendu au plafond, un ours debout sur ses pattes arrière et une pieuvre à l'aspect énigmatique. Les visiteurs étaient libres de créer leur propre histoire en déambulant dans la galerie.
Charles-Étienne Brochu, coordonnateur à la programmation de L'Oeil de poisson, se souvient que l'exposition suscitait un mélange d'émerveillement et de malaise. «De grandes sculptures, peintes de petits motifs répétés, donnaient un aspect ludique et angoissant à l'ensemble. Le travail de Paryse Martin, bien qu'il soit très personnel, reste accessible à tout le monde. Son univers fait référence à un bagage commun, qu'elle parvient à détourner pour nous emmener complètement ailleurs.»
Geneviève Gasse, récemment diplômée d'une maîtrise en arts visuels, s'est, pour sa part, méritée le prix Videre relève en arts visuels pour son exposition Bureau de recherche. Pour ce projet audacieux, qui faisait partie de son sujet de mémoire, elle avait transposé son atelier dans la Galerie des arts visuels de l'Université. Tous les jours, pendant un mois, l'artiste venait y accomplir ses tâches habituelles, poursuivant son travail de recherche et d'analyse devant les visiteurs. Le but de l'expérience était de créer un lieu de recherche propice à la discussion et à l'expérimentation. «J'ai voulu illustrer ma réalité d'artiste. Je passe beaucoup de temps à lire et à écrire. Les visiteurs étaient libres d'entrer en contact avec moi s'ils le voulaient. Parfois, ils s'assoyaient et on discutait d'art ou de philosophie. Chaque conversation était différente. Plusieurs sont revenus me voir. L'oeuvre prenait vie à travers notre expérience», explique-t-elle, encore marquée par ces rencontres.
Fortes du succès de leur projet respectif, les deux artistes poursuivent chacune leurs activités avec la même flamme. Paryse Martin, qui n'est pas du genre à créer pour recevoir des éloges, prépare une oeuvre d'art public pour la Ville de Mont-Tremblant. Geneviève Gasse, elle, collabore à un vaste projet de recherche piloté par son ancienne professeure, l'artiste Marie-Christiane Mathieu. Intitulé Musique de char, ce projet l'a fait récemment voyager de Terre-Neuve à Vancouver et devrait donner lieu à la création d'oeuvres multidisciplinaires. Celle qui aime expliquer la démarche entourant sa pratique artistique compte également répéter l'expérience de son Bureau de recherche.
Pour plus d'information sur les Prix d'excellence des arts et de la culture et sur Manif d'art: prix-excellence.com et manifdart.org
À propos des prix Vedere
La sélection des lauréats des prix Videre en arts visuels est orchestrée par Manif d'art – un organisme à but non lucratif qui a pour mandat de promouvoir l'art de recherche et l'expérimentation en diffusant la fine pointe des grands courants québécois, canadiens et internationaux en arts visuels. Ces distinctions sont décernées chaque année dans le cadre de la cérémonie des Prix d'excellence des arts et de la culture, un événement du Conseil de la culture des régions de Québec et de Chaudières-Appalaches, réalisé avec le soutien de la Ville de Québec, du ministère de la Culture et des Communications et du Secrétariat à la Capitale-Nationale. Accompagnés d'une bourse de 500$, les prix Videre en arts visuels sont offerts grâce à l'appui de la Faculté d'aménagement, d'architecture, d'art et de design de l'Université Laval et de la Caisse d'économie solidaire Desjardins.