
La Compagnie franche de la Marine. «Élément essentiel de la vie collective, le tambour participait à une opération symbolique.»
La bataille du son
Incontournable personnage du Canada naissant, le musicien militaire de la Nouvelle-France exerce son métier autant dans des occasions à caractère civil et social qu’en réponse aux nombreuses demandes propres à son milieu de travail fortement hiérarchisé et codifié. «Le tambour pouvait annoncer que le roi était malade comme il pouvait demander au peuple de prier la Vierge Marie afin que les Français remportent une bataille, souligne Jean-François Plante. En plus d’être associé à l’image du roi, le tambour rythmait la vie des soldats, sonnant le réveil le matin et indiquant la retraite le soir. C’était aussi la voix du commandement. Face à l’ennemi, il donnait aux troupes le signal de charger, de se retirer ou de capituler. C’est encore lui qui accompagnait les délégations sommant l’ennemi de se rendre.»
Selon Jean-François Plante, la lutte que se livraient le pouvoir religieux et le pouvoir militaire se traduisait par le fait qu’aucun des deux ne voulait laisser l’avantage à l’autre, quand il était question de se faire entendre. Par exemple, l’arrivée d’un militaire ayant remporté une bataille était accueillie par une salve de canons, en même temps que se profilait le bruit des cloches. De leur côté, les soldats tiraient du mousquet durant les processions religieuses. «Tout cela nous montre qu’il existait en Nouvelle-France une vie rituelle et collective en dehors de l’Église», de constater le chercheur, qui se propose de pousser plus loin sa recherche dans une étude portant sur le son en Nouvelle-France et comment on peut tenter d’y recréer une identité par la musique.