Mise sur pied pour la première fois par des étudiants de 10 programmes de sciences de la santé de l’Université Laval, cette mini-école vise les jeunes autochtones du Québec. C’est le chirurgien innu Stanley Vollant qui a eu l’idée de cette initiative en 2011 avec les étudiants de l’Université de Montréal. Le but? Encourager les membres des premières nations à persévérer à l’école et à embrasser peut-être plus tard une carrière dans la santé. «On avait très envie d’offrir notre propre version de cette activité, explique Dominique Vandal, étudiante de troisième année en médecine. C’est important de se rapprocher des autochtones, qui disposent d’une très riche culture, mais qui sont trop souvent victimes de préjugés.»
Dès le printemps dernier, la cofondatrice de la mini-école en santé a commencé à réfléchir à l’organisation de ce projet avec Henri Cyr, un autre étudiant en troisième année de médecine. Épaulé par le Vice-décanat en responsabilité sociale de leur faculté et le Groupe d’intérêt en santé autochtone, le duo a communiqué avec plusieurs associations étudiantes en sciences de la santé, qui ont rapidement proposé leur aide. Résultat : 350 élèves de l’école de Pessamit, des bouts de chou de maternelle aux plus grands, ont eu droit à des ateliers en classe sur les aliments et les saines habitudes de vie ainsi qu’à des discussions sur le système digestif ou encore sur la façon de traiter les blessures. Très enthousiastes, les enfants ont souvent surpris les étudiants par les connaissances qu’ils maîtrisent déjà.
«C’est très important pour moi de redonner à la communauté, précise Henry Cyr, lui-même issu de la localité innue de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean. Avec ces mises en situation, on peut rapprocher un peu les jeunes de la réalité des études universitaires, même s’ils ne sont qu’au primaire.» Pendant deux jours, les 40 étudiants de l’Université Laval ont d’ailleurs bénéficié d’une plongée dans la culture de Pessamit, où vivent environ 4 000 personnes. Accueillie au Centre communautaire pour un repas traditionnel et une soirée de danses et de musique innues, une partie du groupe a ensuite pu visiter le Centre de santé, qui a ouvert ses portes il y a quelques mois. «Les gens de la communauté ont vraiment un accès aux soins incroyable avec ce centre, raconte Dominique Vandal. Les patients qui devaient aller faire leur hémodialyse à Québec ou ailleurs vont pouvoir rester chez eux maintenant, tout comme les personnes en soins palliatifs.»
Si la plupart des étudiants de la mini-école venaient de différents programmes en sciences de la santé, comme l’ergothérapie ou la pharmacie, d’autres étudient en travail social, comme Renée-Catherine Côté. «Je trouve que c’est important de leur présenter ce métier, souvent vu de façon négative par les autochtones qui ont eu affaire à la protection de la jeunesse, remarque l’étudiante de première année. J’espère que de plus en plus d’intervenants vont venir des communautés pour qu’ils puissent proposer leurs propres solutions.» Impliquée par le passé dans un organisme qui intervenait chez les Inuits, la jeune femme a repris le chemin des études pour pouvoir travailler avec les jeunes des Premières Nations. Elle projette d’aller travailler dans une des communautés autochtones avec son conjoint algonquin.
Agréablement surpris de l’accueil que leur a réservé la communauté de Pessamit, les responsables préparent déjà la prochaine mini-école de la santé, qui aura lieu cet hiver. Les étudiants en sciences de la santé rencontreront cette fois les élèves de l’école secondaire. Ils prévoient d’axer davantage leurs échanges sur la présentation des programmes universitaires afin d’aider les jeunes innus dans leur choix de carrière.
Pendant deux jours, les 40 étudiants en médecine, en soins infirmiers et en physiothérapie ont offert plusieurs kiosques interactifs aux élèves de l’école Nussim à Pessamit
Photo : Henri Cyr et Sonia Jalbert