
Le spectacle de l'éclipse solaire totale, en Beauce
— Université Laval, Yan Doublet
Sous un tonnerre d'applaudissements, des cris de joie et des larmes, le Soleil a tiré sa révérence durant quelques minutes. Les yeux rivés vers le ciel, les astronomes amateurs et le grand public ont vécu pleinement cet événement d'une grande rareté dans la province. C'est la première éclipse totale dans la région de Québec depuis 1379, la dernière était en 1932 à Montréal et en 1972 dans la province!
«Il y a deux à cinq éclipses solaires annuellement, qu'elle soit partielle, annulaire ou totale. L'éclipse solaire totale est particulière, car elle suit un cycle. Ça prend du temps avant qu'elle revienne», explique Maxime Royer, étudiant au doctorat en astrophysique à la Faculté des sciences et de génie.
«Une personne sur 1000 voit ça dans sa vie, avec la météo, c'est un événement extraordinaire. C'est pour ça que tout le monde est là», souligne Camille Poitras, membre du Groupe de recherche en astrophysique de l'Université Laval (GRAUL) et bénévole à l'événement. La prochaine dans la province sera en 2106 au Lac-Saint-Jean, d'où elle est originaire. «C'est mon objectif de vie de me rendre là. Je vais avoir 104 ans!»

Camille Poitras, membre du Groupe de recherche en astrophysique de l'Université Laval
— Université Laval, Yan Doublet
Pour les deux étudiants, le déplacement à Saint-Georges-de-Beauce en valait la peine. À Québec, c'était une éclipse solaire partielle, où un croissant de Soleil demeure visible. «Ce n'est pas du tout le même phénomène que l'éclipse totale», souligne Maxime Royer.
Une expérience inoubliable
Les astres étaient alignés pour créer un moment hors du commun, sous un ciel bleu sans nuages, avec des températures agréables… jusqu'au moment de l'éclipse.
Une trentaine de minutes avant la totalité, le vent se lève. Sur le lieu d'observation, les foulards et les tuques sortent avec le froid qui s'immisce. Le changement d'éclairage est subtil au départ, puis indéniable.
À quelques minutes du grand événement, tout le monde est fébrile. Le Soleil est à peine visible à travers les lunettes puis… plus rien. C'est le moment d'enlever les lunettes. Le public est plongé dans un film de science-fiction. Seule une couronne est visible derrière la lune. Les planètes Vénus et Jupiter apparaissent dans le ciel.

Le public, comme plongé dans un film de science-fiction
— Université Laval, Yan Doublet

Au moment culminant, seule une couronne est visible derrière la lune.
— Université Laval, Yan Doublet
Au moment où le Soleil réapparaît, la chaleur revient tranquillement. La lumière reprend sa place. On se croirait au lever du Soleil, puis c'est de nouveau l'après-midi.
«C'était malade, lance Maxime. Voir la totalité, voir les planètes, la diminution marquée de la température, le vent qui change. Les ombres qui se précisent. C'est là qu'on voit à quel point le Soleil est gros.»
Une petite protubérance était visible, probablement due à l'activité du Soleil.
Une occasion de vulgariser
Pour Maxime Royer, cet événement était incontournable pour le GRAUL. «C'est une occasion en or de faire de l'astronomie et de la vulgariser, de faire en sorte que ce soit un party de science. C'était important d'être présent et de parler avec le grand public», souligne le doctorant.
Camille Poitras a répondu aux questions du public tout au long de l'événement. Ça fait longtemps qu'elle attend le rassemblement. «J'étais nerveuse ce matin», raconte-t-elle. Pour se préparer, elle et les autres bénévoles ont suivi des formations pour bien expliquer l'éclipse. Selon elle, la vulgarisation est essentielle pour inclure le grand public dans des phénomènes comme celui-ci. Avec le GRAUL, elle a participé à des activités de vulgarisation auprès de quelques écoles primaires de Québec et a distribué des lunettes aux jeunes. Outre la vulgarisation, elle avait aussi l'objectif de montrer un modèle féminin à la relève.

Le public dense et captivé
— Université Laval, Yan Doublet

Plusieurs personnes sont arrivées tôt sur le site pour profiter de ce party de science.
— Université Laval, Yan Doublet
Un événement d'envergure
Pour la majorité des personnes présentes, la préparation a commencé le matin avec le ramassage des chaises pliantes, des collations et de la crème solaire. Pour les membres du GRAUL, les préparatifs ont commencé il y a quelques mois. C'est le fruit d'un travail colossal d'organisation.
Maxime Royer a travaillé sur le rassemblement presque à temps plein. Il était responsable de la cinquantaine de bénévoles, des étudiantes et étudiants des trois cycles du Département de physique, de génie physique et d'optique.
La Fédération des astronomes amateurs du Québec, l'Observatoire du mont Cosmos, le GRAUL, le Club d'astronomie de Saint-Georges-de-Beauce et la Ville de Saint-Georges-de-Beauce ont travaillé de concert à l'organisation de ce rassemblement.

Le doctorant Maxime Royer a travaillé sur le rassemblement presque à temps plein, ces derniers mois.
— Université Laval, Yan Doublet