
Quelques membres du projet Blood Cell Barber Shop. De gauche à droite: Athéna Croteau (FMED), Raphaël Gauthier (FSG), Andréanne Beaulieu (FSG), Julie Desroches (FSG), Éléonore Lemieux (FSAA), Benjamin Ouellet (FSG), Éloïse Lagüe (PHA), Sabrina Gentil (FSG) et Mathieu Giguère (FSG).
— David Cannon
Que la banque d'Héma-Québec puisse un jour être composée uniquement de sang O-, tout en étant alimentée par des donneurs de tous les groupes sanguins, semble une vision utopique. Pourtant, les 12 étudiants qui forment l'équipe iGEM ULaval prouvent le contraire. Ils ont mis sur pied le projet Blood Cell Barber Shop, qui cherche à utiliser des enzymes pour faire une «coupe de cheveux» aux globules rouges. Cette initiative pleine de promesses leur a permis de gagner la médaille d'or à la compétition de l'International Genetically Engineered Machine (iGEM), qui s'est déroulée à Paris en novembre. Elle leur a également permis de briller au 34e Gala de la vie étudiante, tenu le 18 avril, où ils ont remporté le prix Exclamation, en plus du prix Projet parascolaire. Le prix Exclamation est remis à la fin du gala à la candidature «coup de cœur» des jurys et du comité organisateur.
«Nous avons été agréablement surpris de gagner deux prix, surtout le prix Exclamation, étant donné tous les projets intéressants qui étaient finalistes au Gala», confie candidement Sabrina Gentil, étudiante au doctorat en biochimie et membre de l'équipe iGEM ULaval.
Le projet Blood Cell Barber Shop a été conçu pour répondre aux objectifs d'une compétition internationale en biologie synthétique, un domaine émergent qui marie la génétique et l'ingénierie. Les étudiants ont d'abord choisi de mettre au point un dispositif enzymatique qui découpe les antigènes A et B des globules rouges d'un échantillon sanguin. «Comme les antigènes A et B sont un ajout sur la cellule, ils sont relativement faciles à enlever», indique Benjamin Ouellet, étudiant au doctorat en biochimie et membre de l'équipe iGEM ULaval.
Toutefois, étant donné que l'équipe souhaite que ses recherches ne demeurent pas seulement théoriques, mais qu'elles puissent trouver une application pratique auprès d'Héma-Québec, ils ont collaboré avec une chercheuse de l'organisme, qui leur a donné des contraintes supplémentaires. «Dans notre dispositif, on utilise des protéines d'origine bactérienne et, pour répondre aux normes médicales et légales d'Héma-Québec, il ne faut pas que ces protéines se retrouvent dans le sang destiné aux transfusions. On a donc trouvé le moyen de fixer les enzymes dans le dispositif pour qu'elles ne se retrouvent pas dans le produit final», explique Sabrina Gentil.
Une autre partie du projet s'intéressait à l'antigène Rh. «Cet antigène ne peut pas être coupé, car il fait partie intégrante de la cellule. On ne peut donc pas l'enlever sans affecter le globule lui-même et, conséquemment, la qualité du sang. Il faut plutôt chercher à le camoufler ou encore à retirer certaines parties immunogènes», observe Benjamin Ouellet.
Cependant, l'arrangement de la protéine RhD sur les globules rouges et son mécanisme qui entraîne la réponse du système immunitaire sont encore mal connus. Pour remédier à la situation, l'équipe a donc pris entrepris de développer la structure tridimensionnelle de cette protéine. «Notre structure 3D est la première proposition du complexe protéique complet à ce jour», déclarent avec fierté les deux doctorants, au nom de toute l'équipe iGEM ULaval.
Il reste encore bien des recherches à faire, avouent-ils, avant de convertir tous les dons de sang en 0-, mais leurs travaux représentent tout de même une avancée très intéressante pour la société québécoise, surtout lorsqu'on sait que, selon les statistiques, chaque personne au Québec a 60% de chances de recevoir au moins une transfusion sanguine avant l'âge de 72 ans.
L'équipe iGEM ULaval s'est également donné pour mandat de vulgariser ses recherches et la science en général auprès de la communauté. Ses membres ont donc participé à un épisode du balado BioBioBioTalkShow, réalisé par l'Association des étudiants en biochimie, microbiologie et bio-informatique, et ils ont organisé la journée thématique «Le code secret de la vie», une activité de sensibilisation scientifique auprès des 750 jeunes de 9 à 11 ans inscrits au camp de jour du Patro de Charlesbourg.
Le projet Blood Cell Barber Shop représentera l'Université Laval au programme Forces AVENIR dans la catégorie AVENIR Sciences et technologies.
Visionner le 34e Gala de la vie étudiante et en savoir plus sur les lauréats dans chacune des catégories