Elles sont incontournables pour la santé, mais elles peuvent aussi entraîner une hausse du cholestérol et augmenter les risques d'hypertension artérielle ou même de crise cardiaque. Devant les mille et une recommandations et informations parfois floues ou contradictoires, les matières grasses peuvent représenter un véritable casse-tête pour les consommateurs.
Pour s'y retrouver, Iwona Rudkowska, professeure à la Faculté de médecine et chercheuse au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, a donné une conférence à l'Expo Manger santé et vivre vert. Cet événement, qui avait lieu au Centre des congrès de Québec les 20 et 21 avril, a permis de faire le point sur les plus récentes connaissances en matière d'alimentation et de saines habitudes de vie.
ULaval nouvelles a profité de l'occasion pour poser des questions en rafale à cette spécialiste de la nutrigénomique.
Quelle est le rôle des matières grasses dans la santé?
«Les matières grasses nous donnent de l'énergie. Elles fournissent des nutriments essentiels comme les vitamines A, D, E et K. Elles ajoutent du goût aux aliments et prolongent l'état de satiété. On a aussi besoin d'un apport de gras pour avoir une belle peau qui nous isole du froid.
Autrefois, on disait qu'il faut consommer le moins de gras possible pour être en santé. Avec l'avancement des connaissances, on réalise que ce n'est pas le cas. La question est plutôt de consommer les bon gras. L'huile d'olive est un bon exemple, tout comme les omégas 3.»
Quels sont les gras à éviter?
«Contrairement à ce qu'on entend parfois, le gras saturé n'est pas à bannir à tout prix. Ce qu'il faut éviter, c'est le gras provenant d'aliments transformés. Par exemple, le gras saturé d'un produit laitier ou de la viande n'a pas autant d'effets négatifs que celui d'un biscuit. On peut en consommer, mais avec modération.
Même chose avec le cholestérol alimentaire. La recherche démontre qu'on peut en consommer si on n'a pas un taux de cholestérol élevé.
Le gras présent dans certains aliments comme l'huile de coco ou l'huile de palme a des effets sur la perte de poids, mais il fait aussi augmenter le cholestérol sanguin. Tout est une question de modération.»
Est-il préférable d'opter pour du beurre ou de la margarine?
«Le beurre n'est pas aussi néfaste qu'on pourrait le croire. Je viens de publier une étude qui démontre que la consommation de gras saturé dans les produits laitiers n'a pas forcément d'effets négatifs sur le métabolisme du cholestérol. Encore une fois, c'est une question de modération.
La margarine, pour sa part, est composée d'huile oléique, qui est bonne pour la santé. À mon avis, le pire est lorsque les huiles sont chauffées à très haute température comme pour la friture. C'est d'ailleurs un aspect que je souhaite étudier davantage dans mes travaux de recherche.»
Avec les connaissances qui évoluent constamment, comment voyez-vous l'avenir de la consommation?
«Ces 25 ou 30 dernières années, des études ont démontré que la réponse aux aliments dépend d'une foule de facteurs, comme la génétique et le microbiome. Chacun réagit différemment à ce qu'il mange. La nutrition de précision permet de faire des régimes adaptés à nos besoins en prenant en compte tous ces paramètres. Pour moi, c'est ça la nutrition du futur.
Avec l'intelligence artificielle, les consommateurs pourront personnaliser leurs menus et les professionnels de la santé pourront développer des approches d'intervention beaucoup plus efficaces.»
L'importance de la vulgarisation
À l'instar de la professeure Rudkowska, de nombreux experts issus de l'Université Laval ont participé à l'Expo Manger santé et vivre vert. La programmation comprenait notamment une communication sur l'intestin et la santé digestive donnée par la diététiste-nutritionniste Andréanne Martin, formatrice chez Entrepreneuriat ULaval.
L'ancienne étudiante en nutrition Marianne Côté a livré de judicieux conseils pour bien manger à petit prix. D'autres présentations portaient sur le gaspillage alimentaire, la fermentation ou encore l'appellation biologique.
Pour Iwona Rudkowska, une habituée des conférences avec le Centre Déclic, il est important que des chercheurs universitaires partagent leurs connaissances en nutrition au grand public. «Les gens ont tellement de questions et ne savent pas vers quelles sources d'information se tourner. Ce qui se trouve sur le Web n'est pas forcément vrai. Souvent, quand je donne des présentations, les gens sont surpris de savoir qu'on ne réagit pas tous de la même façon aux aliments. Pourquoi certains prennent du poids en regardant un morceau de chocolat alors que d'autres peuvent en manger sans conséquences? Tout le monde est différent et c'est important de le rappeler.»