La population est maintenant bien au courant: présenter des difficultés respiratoires est l’un des premiers symptômes à surveiller lié au coronavirus. «La réponse immunitaire au virus déclenche une réaction inflammatoire dans les poumons des personnes infectées, explique Louis Flamand, professeur à la Faculté de médecine. Lorsque cette inflammation devient trop intense, elle entraîne de graves problèmes respiratoires. Et ce sont ces complications qui mènent au décès.» D’où l’importance de mieux comprendre cette réaction inflammatoire et ses dérives.
Dans cette optique, les Instituts de recherche en santé du Canada ont récemment versé 400 000$ au professeur Flamand et à son équipe pour étudier la réponse immunitaire déclenchée par le coronavirus.
Une expertise déjà en place
Virologiste de formation et chercheur Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval (CRCHU), Louis Flamand compte parmi ses travaux des études poussées sur le virus de l’influenza et sur celui de la grippe H1N1 qui, eux aussi, entraînent une inflammation des voies respiratoires. «Quand la pandémie a commencé, j’y ai vu un lien évident avec mon domaine de spécialisation, relate-t-il. J’ai aussitôt fait appel à deux collègues, Nicolas Flamand et Éric Boilard.» Tandis que le premier est professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, le second est professeur à la Faculté de médecine et chercheur spécialisé en immunologie au CRCHU. «En mettant nos expertises en commun, nous pouvions lancer un projet de recherche et passer à l’action.»
Plus précisément, grâce aux fonds reçus, les chercheurs vont exposer en laboratoire des cellules de poumons au virus qui cause la COVID-19 et observer la réponse inflammatoire des tissus pulmonaires et des globules blancs. «Pour développer le bon médicament, nous devons décoder la signature de l’inflammation en ciblant précisément quelles molécules causent les dommages», explique le professeur Flamand. Ce qui différencie son projet d’autres approches? «Lorsqu’il y a inflammation, notre corps sécrète diverses molécules, dont des protéines et des lipides. On connaît moins l’action de ces dernières, plus complexe. C’est cette action qu’on entend explorer.»
Enfin, l’équipe comparera ses analyses détaillées concernant la COVID-19 aux réponses inflammatoire des virus respiratoires associés au Symptôme respiratoire aigu sévère (SRAS) et au Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS). «La mise en parallèle est intéressante parce que le taux de mortalité de ces trois pathologies n’est pas le même. Plus de 30% dans le cas du MERS, moins de 10% pour le SRAS et entre 3 et 4 % pour la COVID-19. L’origine cette différence peut aussi mener vers des pistes de solutions», précise le chercheur.
Agir en direct pour la santé
L’inauguration en janvier dernier du laboratoire de niveau de confinement 3 du Centre de recherche du CHU offre une conjoncture favorable à ce projet, relève Louis Flamand. «C’est exactement le type d’installation dont nous avons besoin pour mener des recherches sur des agents pathogènes hautement transmissibles comme le virus de la CODIV-19.»
Dans les meilleurs délais, le personnel associé à cette une étude recevra d’ailleurs une formation très particulière obligatoire afin de manipuler de façon sécuritaire des pathogènes à haut risque. Après cette étape, les travaux se mettront rapidement en branle. Une perspective très stimulante, admet le professeur. «Ça donne le sentiment d’être en lien direct avec la population pour lui venir en aide», conclut-il.