Extraits de l’éloge funèbre prononcé par Michel Gervais, le 21 février, à l’église Sainte-Ursule
Chers amis, je ne vous ferai pas subir un très long discours. Benoît n’aurait pas aimé ça… Mais nous devons tout de même à Jeanne-Mance, à la famille de Benoît et à tous leurs proches de témoigner de notre admiration à l’égard du grand, du très grand professionnel qu’a été Benoît Dumais. Et quand je dis «nous», je parle de ces centaines d’étudiants qui ont profité de son enseignement, de ces dizaines de milliers d’autres qui ont bénéficié de son action, de ces centaines de personnes qui ont travaillé avec lui, parfois très étroitement comme ce fut mon cas et celui de plusieurs autres qui sont ici aujourd’hui […] D’abord, professeur en économie rurale à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, Benoît Dumais est ensuite devenu vice-doyen de cette faculté. Ayant remarqué la qualité de l’homme, le regretté Mgr Marcel Lauzon a recommandé au nouveau recteur, Jean-Guy Paquet, qui est ici avec nous aujourd’hui, de faire nommer Benoît Dumais comme son successeur à la Direction générale des programmes de premier cycle. On était en 1978.
C’est dans cette fonction que j’ai connu Benoît. Pour moi, c’était l’époque de la Commission d’étude sur l’avenir de l’Université Laval, puis du «Projet Laval», opérations auxquelles Benoît a volontiers et généreusement prêté son concours. Puis, devenant vice-recteur à l’enseignement et à la recherche en 1982, je me suis retrouvé «patron» de Benoît, alors que je me sentais un «p’tit gars» à côté de lui. Dès mes premiers contacts avec cet homme, j’ai compris que l’éducation était l’œuvre à laquelle toute sa vie professionnelle avait été, était et serait consacrée et qu’il n’avait de cure que pour les étudiants, la qualité de leur formation et leur succès dans la vie. J’ai immédiatement décelé chez lui une extraordinaire sûreté de jugement et une sagesse qui ne se sont jamais démenties et qui en ont fait, pour moi comme pour tant d’autres, un conseiller de toute première valeur. Quand je suis devenu recteur en 1987, j’ai étonné tout le monde, incluant Benoît lui-même, je pense, en lui proposant d’assumer la fonction de vice-recteur aux services. Benoît était associé à l’enseignement et à la pédagogie. Or, je lui demandais de passer à une fonction que je qualifierais d’«archi-administrative».
Bien humblement, je crois que c’est un des meilleurs coups de ma carrière. Benoît Dumais a fait merveille dans cette très lourde fonction qu’il a exercée pendant dix ans […] Quand vous passerez sur le campus de Laval, notez ou rappelez-vous que ce sont Benoît et ses collaborateurs qui ont veillé à l’agrandissement du pavillon de foresterie et de géomatique, à la construction des pavillons J.-A.-De Sève, La Laurentienne, Charles-Eugène-Marchand, Alphonse-Desjardins, de l’Envirotron, sans compter la garderie derrière le pavillon Lacerte. Nous étions en outre côte à côte pour mener les négociations qui ont conduit à la rénovation du réseau électrique de l’Université, au déménagement de l’École des arts visuels dans l’édifice La Fabrique dans le quartier Saint-Roch, au financement à hauteur de 90 % par le gouvernement du Québec de l’agrandissement du pavillon Adrien-Pouliot, à la venue du Métrobus sur le campus […] Laissez-moi simplement vous donner, pour ce qui est de l’innovation, un seul exemple que je ne commenterai pas: sans Benoît Dumais et son collègue Jean Lemieux et l’influence qu’ils exerçaient sur moi, je ne crois pas qu’il y aurait aujourd’hui le club de football Rouge et Or qui fait l’honneur de l’Université Laval en même temps que le plaisir de notre région.
Puissent l’Université Laval et notre société compter encore sur des hommes et des femmes de sa trempe qui sauront poursuivre avec autant de patience et de détermination leur bien commun, protéger leur héritage dans la continuité et les aider aussi efficacement à réaliser leurs rêves et leurs projets.
MICHEL GERVAIS
Recteur de l’Université Laval de 1987 à 1997
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Qu’adviendra-t-il du dernier microscope électronique de la Faculté de médecine?
La Faculté de médecine avait autrefois quatre microscopes électroniques Philips EM 300. C'était des instruments de pointe coûtant environ 350 000 $ chacun. Il en reste un seul. Deux autres furent démontés et un troisième aurait été vendu aux États-Unis. Il en reste un seul, celui du Département de biologie médicale au pavillon Vandry. En février 2000, la Faculté s'était engagée dans un programme de réaménagement visant à accueillir au pavillon Vandry toutes les sciences de la santé et à consacrer le pavillon à l'enseignement au premier cycle et à l'administration. Les chercheurs consultés avaient «vigoureusement et majoritairement insisté avoir besoin d'espace de recherche» (lettre du vice-doyen R. Lamontagne du 26/10/2006). La Faculté poursuivit ses plans, obtint des fonds du ministère de l'Éducation et la construction du nouveau pavillon débuta. Chercheurs et recherche furent graduellement repoussés vers les hôpitaux de Québec et il ne resta qu'un noyau de fondamentalistes dont la place n'était définitivement pas dans les hôpitaux.
La reconstruction du pavillon achève et on rénovera dans deux mois son aile sud, la seule où il reste encore des laboratoires et où se trouve le microscope électronique. J'avais proposé de ne pas rénover son local ou de l'installer dans le sous-sol du Vandry. On me déclara qu'on manquait d'espace et ne pouvait modifier les plans de rénovation. Jusqu'en décembre dernier, on ne fit aucun effort pour loger ailleurs le microscope électronique. Ce Philips EM 300 est donc le dernier de la Faculté. Acheté en 1969, c'est un microscope-culte, connu pour sa robustesse et ses qualités mécaniques. Il est accompagné d'un laboratoire de photographie, d'une ultracentrifugeuse, d'un microtome LKB III et d'une grande quantité de pièces de rechange. Son prix? Je ne le connais pas; ce genre de microscopes n'étant plus sur le marché. Il est toujours au maximum de son pouvoir de résolution et je maintiens «dur comme fer» que c'est toujours le meilleur à Québec; en tout cas, il fait des photographies supérieures à celles des microscopes numériques récents installés sur le campus. Son entretien est assuré par un technicien.
Si le Philips EM 300 ne trouve pas preneur et refuge dans un autre pavillon, l'Université Laval perdra à jamais un appareil (et un laboratoire) de grande qualité et pleinement fonctionnel.
HANS-WOLFGANG ACKERMANN
Professeur associé à la Faculté de médecine