Sur Google, il suffit d’entrer les mots «place des femmes dans le sport» pour que le nom de Guylaine Demers apparaisse parmi les résultats. Pas étonnant que cette sommité en études féministes soit associée au nouveau Centre national de recherche sur l’équité entre les genres dans le sport. Avec des collègues de l’Université de Toronto et de l’Université de Guelph, la professeure du Département d’éducation physique de l’Université Laval codirige cette organisation créée à l’initiative de Sport Canada.
Le projet, doté d’un budget de 1 650 000$ sur 3 ans, constitue une première au Canada. Il réunit des chercheurs de 10 universités ainsi que des organismes et représentants du milieu sportif. «Ce centre permettra de mobiliser toutes les forces en recherche à travers le Canada. Il n’existait aucun endroit pour collecter l’ensemble des résultats de recherche sur l’équité des genres en sport, mais aussi pour favoriser les collaborations. Nous pourrons déterminer quels sont les grands enjeux et quels devraient être les sujets prioritaires pour les prochaines études», explique Guylaine Demers.
Son équipe s’intéressera notamment à la participation sportive des filles et des femmes ainsi qu’aux défis relatifs aux postes de leadership. La couverture médiatique du sport et le phénomène de la violence sexiste seront aussi scrutés à la loupe. «Nos recherches seront axées sur les femmes, mais aussi sur les personnes trans, non binaires, autochtones, racisées ou avec un handicap. On veut être les plus représentatifs de la société d’aujourd’hui», précise la professeure Demers.
Une parité loin d’être atteinte
Bien qu’elle constate certains progrès ces dernières années – notamment par rapport à la présence des femmes dans les sports de haut niveau –, Guylaine Demers affirme que beaucoup de chemin reste à faire en matière d’équité. «Les Jeux olympiques de Tokyo seront les premiers jeux à compter le même nombre d’épreuves pour les femmes que pour les hommes. Là où c’est plus décourageant, c’est par rapport aux femmes en position de leadership. Il y a 10 ans, environ 25% des entraîneurs étaient des femmes; aujourd’hui, elles ne représentent que 16%. On se frotte à une résistance du système très difficile à combattre.»
Le sport, une réelle passion
Guylaine Demers, 56 ans, a consacré toute sa carrière universitaire à la place des femmes dans le sport. Titulaire de la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, Savoirs, Sociétés et présidente d’Égale Action, elle a piloté plusieurs projets de recherche et créé des cours sur le sujet, en plus d’avoir présidé le Groupe de travail sur l’égalité des sexes dans le sport. «Le sport a toujours fait partie de ma vie. Pour moi, c’est comme un plat de bonbons. Faire de la recherche dans ce domaine tout en formant de futurs entraîneurs et entraîneuses et administrateurs et administratrices en sport, c’est mon travail de rêve», dit cette ancienne athlète du Rouge et Or.
Avec le Centre national de recherche sur l’équité entre les genres dans le sport, elle est déterminée plus que jamais à faire bouger les choses. «La réceptivité que nous avons eue pour ce projet est très stimulante. Pour moi, c’est l’aboutissement de plusieurs années de travail. Ce centre représente un beau legs et une occasion unique de faire progresser le milieu sportif pour le rendre plus égalitaire et équitable.»