Le 12 mars, la biopharmaceutique Medicago annonçait qu'elle avait conçu un vaccin potentiel contre le SARS-CoV-2 et qu'elle espérait mener des essais chez l'humain dès le mois de juillet. Comme la demande pour ce vaccin risque d'être colossale, l'entreprise a déjà amorcé des travaux visant à en optimiser la production. À cette fin, Medicago et le consortium de recherche biopharmaceutique CQDM viennent d'accorder 1 M$ au professeur Jacques Corbeil, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Rappelons que Medicago utilise des plantes plutôt que des œufs comme incubateurs pour ses vaccins. Elle introduit dans ces plantes des gènes synthétiques qui produisent des protéines très similaires aux protéines présentes dans le virus ciblé par le vaccin. Ces protéines pseudo-virales provoquent les mêmes réactions immunitaires que l'exposition au virus entier, sans poser de risque d'infection.
Le professeur Corbeil et son équipe utiliseront un spectromètre de masse très sophistiqué pour déterminer l'abondance de milliers de métabolites présents dans quelque 7500 plantes-incubateurs, cultivées dans différentes conditions environnementales. Leur objectif est d'isoler une dizaine de métabolites facilement mesurables qui serviront à préciser les conditions de culture permettant d'atteindre une production maximale de protéines pseudo-virales.
«Notre spectromètre peut traiter entre 10 000 et 40 000 molécules toutes les 30 secondes, souligne le professeur Corbeil. Pour analyser cette masse de données, il faut recourir à des outils d'intelligence artificielle. Nos travaux se situent à l'interface des sciences “omiques” (génomique, protéomique, métabolomique), des mathématiques et de l'informatique. D'ailleurs, les trois quarts des membres de mon équipe ont une formation dans ces deux derniers domaines.»
Les discussions entre le professeur Corbeil et Medicago ont commencé il y a plusieurs mois, bien avant l'apparition des premiers cas de COVID-19, signale le chercheur. «Le projet de départ ciblait l'influenza, mais la pandémie a bousculé nos plans. Nous espérons que nos travaux aideront Medicago à produire en abondance ce vaccin si attendu.»