La recherche donnera lieu à un nouveau test de dépistage de l’exposition au virus responsable de la COVID-19. En quelques minutes, l’instrument pourrait indiquer si l’échantillon contient les anticorps du virus, une procédure complexe qui prend habituellement des heures.
«Les tests diagnostiques utilisés actuellement ou en cours de développement permettent de détecter le virus lui-même. Notre équipe propose plutôt de détecter l’immunité au virus. Autrement dit, on vise à détecter dans le sang ou le sérum d’une personne les anticorps produits suite à une exposition au virus», explique Denis Boudreau, professeur au Département de chimie de l’Université Laval.
Pour les besoins de ce projet, son équipe combine une approche de détection optique qui existe déjà, l’analyse par résonance de plasmons de surface, à des capteurs moléculaires greffés à un film métallique. De la grosseur d’une boîte de mouchoirs, le prototype utilise un faisceau lumineux pour détecter les anticorps capturés sur le film. Aucune formation spécialisée ne sera nécessaire pour l’utiliser.
En plus de permettre le suivi de l’immunisation parmi la population, le dispositif pourrait contribuer à la mise au point d’un vaccin contre le coronavirus. «On développe cet outil de concert avec des chercheurs qui travaillent sur des vaccins, notamment au Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval. En mesurant la force d’association des anticorps sur les vaccins, l’appareil permettra à nos collaborateurs de progresser plus rapidement», ajoute Denis Boudreau.
La grande question qui s’impose: à quel moment le dispositif sera-t-il prêt? «On espère avoir un outil fonctionnel au cours des quatre à six prochains mois afin d’aider au développement de plateformes vaccinales. C’est notre premier objectif. À plus long terme, nous allons utiliser les connaissances acquises pour faire évoluer l’appareil afin qu’il puisse servir au suivi de l’immunisation, notamment chez les professionnels de la santé et ceux qui occupent des postes stratégiques comme les policiers, les pompiers et les employés des chaînes d’approvisionnement.»
Ce projet vient de recevoir 1M$ des Instituts de recherche en santé du Canada. Outre Denis Boudreau, il est porté par deux professeurs de l’Université de Montréal, Jean-François Masson, expert en chimie bioanalytique, et Joëlle Pelletier, spécialiste en chimie des protéines. Il compte aussi de nombreux collaborateurs en sciences de la santé au Québec et en Chine.
On s’en doute, c’est une réelle ambiance de fourmilière qui règne dans les laboratoires de ces différents partenaires. «Les gens travaillent sans compter les heures. Ils ne le font pas pour la gloire, mais parce qu’ils se sentent investis d’une mission. Comme tous ceux qui sont en première ligne de la lutte contre la COVID-19, notre équipe a le sentiment qu’elle peut faire une différence», conclut le professeur Boudreau.