
C’est d’ailleurs à quoi s’affaire ce professeur du Département de physique, de génie physique et d’optique qui participe, avec ses étudiants-chercheurs, à la mise au point d’un modèle qui décrit l’évolution d’une épidémie grippale et l’efficacité des mesures de contrôle qui pourraient servir à la contenir. Le projet, piloté par le British Columbia Centre for Disease Control, met à contribution une dizaine d’épidémiologistes, de biologistes, d’experts en santé publique et de physiciens spécialistes de la modélisation à travers le Canada. D’ici trois ans, cette équipe livrera un outil d’aide à la décision qui permettra aux responsables de la santé publique de choisir les meilleures stratégies d’intervention en fonction des caractéristiques de chaque épidémie.
Le modèle sur lequel planchent les chercheurs permettra de faire des prédictions quantitatives sur l’évolution de l’infection à partir des caractéristiques des premiers cas observés. Le modèle tiendra compte de paramètres comme l’occupation, le lieu de résidence, la taille de la famille et les déplacements des personnes atteintes. Contrairement aux modèles épidémiologiques classiques qui présument que chaque personne a une chance égale de transmettre un virus grippal, le modèle utilisé par les chercheurs s’appuie sur la théorie des réseaux de contacts. «Certains individus sont des super propagateurs de la maladie parce qu’ils ont de nombreux contacts avec les autres, souligne le professeur Dubé. En concentrant les interventions sur ces personnes, on circonscrit l’épidémie à des petits îlots et on prévient la pandémie.»
Le chercheur donne l’exemple des jeunes enfants d’âge scolaire qui, parce qu’ils vivent en relative promiscuité et qu’ils se touchent beaucoup, sont de bons exemples de super propagateurs. «Nos simulations montrent que l’infection serait mieux contenue si on vaccinait tous les jeunes enfants qui vont à l’école plutôt que de vacciner la moitié de toute la population», signale-t-il.
L’outil en préparation permettra de bien doser les actions à poser pour maintenir l’infection grippale sous le seuil épidémique tout en limitant les impacts sociaux et les coûts. Fermer les frontières et confiner tous les citoyens à leur domicile freinerait à coup sûr la propagation d’un virus, mais à quel prix? «Lorsqu’une épidémie frappe, nous disposons de moyens finis et d’un temps fini pour y répondre, d’où l’importance de faire les bons choix, rappelle le professeur Dubé. Notre modèle offrira une façon de trouver le meilleur mode d’intervention possible dans chaque cas.»