L'objectif que s'étaient donné Moïra Dion et Alicia Durocher en lançant leur projet Les Vulgaires a été atteint. Les sept vidéos conçus et produits par les deux doctorantes pour faire contrepoids à la désinformation sur les vaccins et la COVID-19 ont été visionnés plus de 10 000 fois sur leur chaîne YouTube. Et leur pari de s'associer aux influenceuses Jessie Nadeau, Jessica Prudencio et Charlie Day pour rejoindre un jeune public a été payant: les trois vidéos auxquelles ont participé ces personnalités du Web ont récolté plus de 75% du total des visionnements.
«Lorsqu'on a soumis notre projet aux Fonds de recherche du Québec pour obtenir un soutien financier de 10 000$, il fallait préciser combien de personnes on pensait rejoindre, rappelle Moïra Dion. On trouvait que 10 000 visionnements – un dollar par visionnement –, c'était un bon deal, même si on n'y croyait pas trop.»
Les deux doctorantes du Département de biochimie, microbiologie et bio-informatique avaient constaté que la désinformation sur la COVID-19 et les vaccins, qui sévit sur les réseaux sociaux, avait surtout été combattue, sans grand succès, sur le terrain des médias traditionnels. Elles ont déplacé ce combat sur le terrain des réseaux sociaux en s'alliant à des influenceuses bien connues au Québec. Un choix, en rétrospective, très judicieux. «C'est clair que toutes nos vidéos en collaboration avec les créatrices de contenu ont reçu beaucoup plus de visionnements, constate Moïra Dion. On s'attendait à ces résultats et ça vient confirmer que l'idée de s'associer à des personnes qui profitent déjà d'une grande communauté pour avoir une belle visibilité en peu de temps était une bonne stratégie.»
Comme il fallait s'y attendre lorsqu'il est question de COVID-19, de vaccin et de désinformation, le duo qui compose Les Vulgaires a eu droit à sa part de commentaires négatifs sur ses plateformes. «Ce sont des sujets qui polarisent et, généralement, les gens n'apprécient pas de se faire dire qu'une de leurs croyances est de la désinformation, analyse Alicia Durocher. Nous avons repris certains de ces commentaires dans la section “Jeudis conspi” de notre page Instagram et nous en avons déconstruit l'argumentaire. C'était une bonne façon d'en faire quelque chose d'utile.»
Leur incursion dans le monde de la vulgarisation scientifique sur les réseaux sociaux leur a apporté des enseignements dont pourraient profiter ceux qui seraient tentés par l'aventure. «Il faut garder en tête que la somme d'efforts mis dans une vidéo ne se traduira pas nécessairement en nombre de visionnements, souligne Alicia Durocher. Il faut quand même être fier de son travail et garder confiance.»
Pour sa part, Moïra Dion insiste sur l'importance d'accepter l'imperfection. «La courbe d'apprentissage est assez pentue pour une personne qui ne connaît rien en réalisation, montage et marketing d'une chaîne YouTube. Je sais que les scientifiques sont très perfectionnistes, mais je conseillerais vraiment d'accepter de se lancer dans le vide, avec toutes les imperfections que cela comporte au départ.»
Y aura-t-il une suite pour Les Vulgaires? «On veut continuer d'utiliser nos plateformes, mais à notre rythme et en élargissant les sujets abordés, répond Alicia Durocher. Il y a plusieurs sujets scientifiques très intéressants et actuels qu'on souhaite couvrir pour le grand public, entre autres certaines tendances santé et bien-être un peu douteuses.»