Un niveau de stress élevé pendant la grossesse est associé à un risque plus grand de donner naissance à un bébé dont le poids s'écarte des valeurs normales, rapportent des chercheurs de l'Université Laval dans une étude publiée par la revue Health Psychology. Les femmes enceintes qui ressentent un stress important en milieu de grossesse ont un risque environ deux fois plus élevé de donner naissance à des bébés de moins de 2,5kg ou de plus de 4kg.
Ces conclusions, issues d'une étude dirigée par les professeurs Jean-Claude Forest et Yves Giguère, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, reposent sur le suivi de 5721 femmes enceintes. Au moment d'une visite de routine entre la 24e et la 28e semaine de grossesse, les participantes devaient remplir un questionnaire, le MSP-9, qui mesure le niveau de stress psychologique ressenti pendant la semaine précédente.
Les analyses ont montré que 37% des femmes vivaient un stress faible, 57% un niveau de stress intermédiaire, et 6% un niveau de stress élevé. Les femmes de ce dernier groupe ont un risque 1,8 fois plus élevé que celles du premier groupe d'avoir un bébé de plus de 4kg. Cette condition, nommée macrosomie, peut poser des problèmes immédiats et à long terme pour la santé de la mère et de l'enfant.
Pour ce qui est du risque d'avoir un bébé de moins de 2,5kg, il est 2,1 fois plus élevé. «Lorsqu'on tient compte des autres variables qui affectent le poids du bébé à la naissance, le risque demeure 2,1 fois plus élevé, mais la différence statistiquement significative disparaît. Nous croyons que cela est dû au petit nombre de femmes dans cette catégorie. La tendance reste toutefois très nette», commente Yves Giguère.
Comment expliquer qu'un stress élevé puisse produire soit une hausse ou une baisse de la croissance du fœtus? «Le sexe du bébé pourrait être en cause, répond Jean-Claude Forest. Nous avons examiné cette hypothèse et nous allons bientôt publier le résultat de nos analyses sur la question. Par la suite, nous voulons déterminer par quels mécanismes le stress agit sur la croissance du fœtus.»
Les problèmes de santé des bébés de petit poids sont déjà bien documentés. Quant aux complications associées à la macrosomie, elles commencent à être mieux connues dans la population, constate Yves Giguère. «Il y a de nombreuses complications possibles pour la mère et l'enfant au moment de l'accouchement en raison de la taille du bébé. Il y a aussi des problèmes à long terme comme un risque d'obésité plus élevé chez l'enfant.»
«Nous espérons que nos travaux sensibiliseront les professionnels de la santé à l'importance du stress pendant la grossesse et qu'ils les inciteront à interroger les femmes enceintes à ce sujet», conclut le professeur Forest.
Les signataires de l'étude sont Joanie Mélançon, Nathalie Bernard, Jean-Claude Forest et Yves Giguère, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, Réjean Tessier et George Tarabulsy, de l'École de psychologie, et Damien Bouvier, de l'Université Clermont Auvergne.