La région de Québec, un secret bien gardé de l'écosystème de l'intelligence artificielle (IA) sur l'échiquier national et international? C'est l'un des constats qui ressort du Portrait de l'écosystème en intelligence artificielle de la grande région de Québec, lancé conjointement par l'Université Laval et Québec international le 10 décembre.
Selon ce portrait, c'est plus d'une centaine de chercheurs qui sont actuellement engagés au sein de projets liés à l'intelligence artificielle ou à la valorisation de données sur le campus, et plus d'une centaine d'entreprises qui intègrent des solutions rattachées à ces technologies dans leurs produits et services.
«Grâce à toutes les équipes de recherche et les entreprises y travaillant en synergie, ainsi qu'à une expertise de longue date en IA responsable et appliquée au monde réel, notre région possède de grands atouts pour se tailler la place qui lui revient au Canada comme à l'international», rappelait ainsi le vice-recteur à l'administration de l'Université Laval, André Darveau, lors du lancement. «La région rayonne par son expertise et son savoir-faire, ici et hors Québec, contribuant à accélérer l'innovation à l'échelle nationale et mondiale», ajoutait le président-directeur général de Québec international, Carl Viel.
Un écosystème dynamique et complet
Les atouts de la région se résument à la proximité et au partage des ressources disponibles, dans une logique de coopétition, la région bénéficiant, entre autres, d'un accès rapide et facile à l'expertise en recherche autant qu'à des ressources qualifiées.
«C'est un écosystème dynamique, en plein développement, qui a des forces marquées dans certains créneaux ciblés, et qui se démarque par sa capacité à collaborer, autant entre les disciplines qu'entre les acteurs des milieux universitaires et industriels», observe Christian Gagné, directeur de l'Institut intelligence et données (IID) de l'Université Laval. Au-delà de son dynamisme, l'écosystème d'innovation est aussi qualifié de «complet» par ses auteurs: «Il y a tout ce qu'il faut pour réaliser un projet d'innovation incluant l'IA dans un rayon d'une quarantaine de kilomètres», lance Alexandra Masson, directrice – Intelligence artificielle et Solutions numériques chez Québec international.
Des usages diversifiés, liés aux données du monde réel
Si la région de Québec est un écosystème complet, elle se démarque également par la diversité des domaines où sont appliquées l'IA et les technologies qui y sont liées.
«Les domaines de la vision numérique et de la robotique sont parmi les plus avancés dans l'utilisation de l'IA pour la perception et la prise de décision. Il y a également une volonté d'intégrer l'IA en santé, où l'impact pourrait être significatif pour améliorer la qualité de vie des citoyens tout en augmentant l'efficacité du système; cela, sans oublier le secteur de l'assurance, où de nombreuses entreprises intègrent l'IA dans leurs activités de recherche et développement», indique le directeur de l'IID. Mais, d'un champ d'application à l'autre, un grand axe demeure: «Autant du point de vue de la recherche que de l'entreprise, il y a le fait que la plupart des applications développées à Québec sont rattachées à des usages applicables au monde réel, par exemple, avec l'utilisation de capteurs de haute précision ou encore d'objets connectés», souligne Alexandra Masson.
Enfin, selon le rapport, l'appui de programmes de formation continue, autant que la disponibilité de programmes spécialisés dans les divers établissements d'enseignement collégial et universitaire de la région ont sans doute également joué un rôle de levier essentiel dans cette performance entrepreneuriale.
«Si on joint le tout à la proximité des différents acteurs du milieu scientifique et technique, chez qui il règne un esprit favorable aux collaborations multidisciplinaires, interdisciplinaires, voire transdisciplinaires, on a tous les ingrédients pour intégrer l'IA avec succès dans plusieurs contextes et innover», conclut Christian Gagné.