Depuis le début de la pandémie de COVID-19, au Québec comme ailleurs dans le monde, les services de réadaptation non essentiels ont été interrompus ou réduits afin de limiter la propagation du coronavirus. Cette mesure touche notamment les enfants atteints de problèmes moteurs comme la paralysie cérébrale. «L'interruption des séances de réadaptation en personne peut entraîner un déconditionnement physique et faire perdre des acquis à ces enfants alors qu'ils sont en plein développement. Cela peut avoir des répercussions à long terme sur leurs capacités motrices», souligne Maxime Robert, professeur au Département de réadaptation et chercheur au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et en intégration sociale.
C'est la raison pour laquelle le professeur Robert, la doctorante Ophélie Martinie, et leurs collaborateurs de l'University of Southern California, Marika Demers et Carolee Winstein, ont proposé, dans un article publié cette semaine dans Frontiers in Neurology, que les physiothérapeutes et ergothérapeutes envisagent le recours aux jeux vidéos actifs et à la réalité virtuelle comme compléments aux programmes de téléréadaptation destinés aux enfants ayant des problèmes moteurs.
Les programmes de réadaptation habituellement prescrits à ces enfants ont pour but d'améliorer leurs fonctions motrices afin de les aider à accomplir les activités de la vie quotidienne. Les jeunes patients doivent effectuer des séries d'exercices afin d'améliorer la force, l'amplitude ou la coordination de leurs mouvements. Et ces répétitions ne sont font pas toujours dans la joie et l'enthousiasme. «Les jeux vidéos actifs et la réalité virtuelle diversifient les activités qu'il est possible de faire en clinique, et encore plus à la maison, constate le professeur Robert. Leur plus grand avantage est que les enfants aiment ça. Ils n'ont aucune difficulté à trouver la motivation pour faire leurs exercices. Répéter un grand nombre de fois le même mouvement ne pose pas de problème lorsqu'il s'agit d'un jeu vidéo.»
Est-ce efficace? «Plusieurs études, dont certaines auxquelles j'ai participé, ont montré que lorsqu'ils sont utilisés en clinique, les jeux vidéos actifs et la réalité virtuelle ont une efficacité similaire aux exercices que l'on prescrit habituellement, résume le chercheur. Il n'y a pas encore eu d'études qui ont évalué l'efficacité de ces plateformes en téléréadaptation, mais c'est un sujet que j'espère explorer dans les prochaines années.»
Est-ce coûteux? «Pour les jeux vidéos actifs, des produits commerciaux adéquats coûtent entre 100$ et 350$. On peut trouver des jeux de réalité virtuelle avec casque à moins de 500$. Ces derniers donnent plus de latitude au clinicien pour adapter le niveau de difficulté du jeu aux capacités et aux besoins de l'enfant. Ils donnent aussi davantage de rétroaction sur ses performances», analyse Maxime Robert.
Ces plateformes ne remplaceront pas les séances de thérapie en clinique, mais dans le contexte de la pandémie, elles constituent une bonne façon de maintenir les acquis, poursuit le chercheur. Ce serait une erreur de croire qu'il suffit d'installer les enfants devant un jeu vidéo pour obtenir des résultats, précise-t-il toutefois. «Il est indispensable qu'un clinicien prépare un programme, suive les progrès de l'enfant et apporte les ajustements nécessaires pour assurer sa progression.»
Pour les cliniciens qui aimeraient en savoir plus sur le sujet, l'article paru dans Frontiers in Neurology présente des notions de base sur les outils existants et sur la façon de les intégrer à leur pratique.