Ce sont «nos anges gardiens», pour reprendre l’expression du premier ministre François Legault. Les soignants sont en première ligne dans la lutte contre l’épidémie de COVID-19. De ce fait, ils présentent un risque accru d’être infectés par le virus. C’est le cas notamment des médecins, du personnel infirmier et des inhalothérapeutes.
Pour François Lellouche, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec – Université Laval (IUCPQ-UL), il faut diminuer le nombre d’interventions qu’ils font auprès des personnes infectées. «Avec le coronavirus, la majorité des patients hospitalisés combattent une forme relativement peu sévère de la maladie et n’ont besoin que d’oxygène. Ce sont des patients qui peuvent rester en dehors des soins intensifs. Le support de base, c’est l’oxygène. L’appareil utilisé pour contrôler l’apport en oxygène, le débitmètre à bille, doit être ajusté à la main, ce qui augmente le risque de transmission du virus chez les soignants.»
Avec des pneumologues de l’IUCPQ-UL et un médecin-chercheur de l’Hôtel-Dieu de Lévis maintenant établi en France, François Lellouche a conçu un appareil, le Free02, qui permet d’automatiser l’apport d’oxygène aux patients. Ce dispositif, dont le prototype a été créé avec des étudiants du Département de génie électrique et de génie informatique, sera testé «progressivement d’ici 15 jours» dans 10 centres hospitaliers canadiens, dont 6 au Québec. Outre l’IUCPQ-UL, il s’agit du CHU de Québec – Université Laval, de l’Hôtel-Dieu de Lévis, du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, de l’hôpital de Trois-Rivières et du Centre hospitalier de l’Université de Montréal. Ce projet a reçu une subvention de plus de 800 000$ des Instituts de recherche en santé du Canada.
À partir d’un capteur au bout du doigt du patient, le FreeO2 mesure le taux d’oxygène dans le sang à toutes les secondes et ajuste le niveau requis. Nul besoin donc de se déplacer dans la chambre pour faire les vérifications d’usage et ajuster la dose d’oxygène. Tout se fait de façon automatisée. Les données pertinentes – débit d’oxygène nécessaire, oxygénation du sang et fréquence cardiaque du patient – sont transmises en direct sur un écran. «Le fait de travailler à distance offre un intérêt majeur pour les soignants, affirme le Dr Lellouche. Avant d’aller dans la chambre d’un patient, il faut mettre du matériel de protection, ce qui pose problème. En plus de diminuer les risques de transmission du virus, le dispositif permettrait d’économiser les masques, les gants et tous les autres articles nécessaires à la protection du personnel.»
Depuis le début de la pandémie, François Lellouche remarque une mobilisation sans précédent dans le milieu hospitalier. «Énormément de travail a été fait à l’IUCPQ-UL. Il y a une réorganisation de l’ensemble de l’hôpital à laquelle nous avons tous participé. Par rapport aux soins intensifs, l’administration de l’établissement a été extrêmement réactive. Il est impressionnant de voir à quel point l’hôpital a été transformé en quelques jours. Des chambres à pression négative et de nouveaux équipements ont fait leur apparition. En même temps, on se rend compte qu’il s’agit d’une pathologie sévère pour certains patients. Il faut absolument poursuivre les recherches pour faire avancer les connaissances et les traitements.»