Qui aurait pensé que le coronavirus allait donner lieu à un nouveau concept de spectacles? Les grands rassemblements étant interdits, la série TD musiparc propose des concerts pour des gens dans leur véhicule. Les musiciens seront sur scène, entourés d’écrans géants. Les spectateurs pourront apprécier leur prestation grâce au son de leur radio.
Le guitariste des Lost Fingers, François Rioux, n’aurait jamais pensé jouer devant un parterre de voitures, mais il n’a pas hésité à se prêter au jeu. Après la Baie de Beauport, le groupe transportera son spectacle à Gatineau et à Châteauguay. «Pour nous, ce sera une expérience complètement nouvelle. Il nous est arrivé de faire des spectacles dans des galas ou d’autres événements avec des écouteurs qui bloquent la réponse du public, mais cette fois, ce sera différent. On sera seul sur scène, comme dans une bulle. J’ai hâte de voir comment ça va se passer.»
Connu pour ses reprises de chansons à la sauce jazz, The Lost Fingers compte à son actif huit albums et plusieurs spectacles à travers le monde. De Samantha Fox à Michael Jackson, en passant par des classiques de Noël, le groupe revisite des pièces qui ont marqué leur époque. «Nos reprises de chansons font appel à la nostalgie avec un style complètement contrastant, soit celui du jazz manouche des années 1930-40. Il y a tout un mélange d’esthétiques qui fait que ça devient à la fois rigolo et réconfortant pour le public», indique François Rioux.
Pour son dernier projet, VS, The Lost Fingers a choisi de faire les choses autrement. Chaque mois, le groupe diffuse deux nouvelles pièces sur les plateformes numériques. Il s’agit d’un duel de deux styles de chansons fort différents, comme le dance et le rock ou encore le grunge et la pop. Ainsi, Pearl Jam s’est mesuré à Reel 2 Real et Nirvana à Elvis Crespo. Le tout devrait donner lieu à un nouvel album une fois que toutes les pièces auront été diffusées.
De la scène à l’enseignement
Depuis janvier, François Rioux est professeur à la Faculté de musique. Son mentor Gabriel Hamel ayant pris sa retraite au moment où il terminait son doctorat en guitare jazz, il a sauté sur l’occasion pour reprendre le flambeau. «Un concours de circonstances extraordinaires a fait que j’ai pu obtenir ce poste. Pour moi, c’est un rêve qui se réalise. Depuis que j’ai commencé à jouer de la guitare vers l’âge de 11 ans, j’ai toujours aimé partager mes connaissances. L’un de mes grands plaisirs est de montrer aux autres ce que j’ai appris», dit celui qui lancera cet automne un album solo basé sur les techniques d’improvisation à deux voix développées dans le cadre de ses recherches doctorales.
Auparavant chargé de cours, François Rioux devient professeur à un moment bien particulier dans l’histoire de l’Université. Comme ses collègues, il a dû assurer la continuité de ses cours en ligne lorsque la pandémie a éclaté. Avec 27 étudiants à encadrer dans leur pratique musicale, il a fallu revoir ses techniques d’enseignement. «Ce fut un début d’embauche relativement tranquille. J’étais dans mes pantoufles, étant déjà chargé de cours. Avec la pandémie, ce ne fut pas trop difficile de faire la transition à distance, comme j’avais déjà de l’équipement de studio et que mes étudiants étaient pour la plupart à l’aise avec la technologie. Ma priorité était qu’ils puissent poursuivre leur session et que leur cursus soit respecté.»
Aux étudiants inquiets par la situation de la musique actuellement, le professeur livre un message d’espoir. De meilleurs jours sont à prévoir, insiste-t-il. «Les spectacles ne disparaitront pas de sitôt. Il suffit de voir à quel point les gens s’ennuient des sorties musicales pour réaliser à quel point c’est important dans leur vie. La crise aura été un coup dur pour l’industrie, mais elle aura permis de démontrer l’importance des artistes. Des spectacles, il y en aura peut-être même plus pour pallier au manque que nous avons vécu cet été.»