Le tremblement familial, aussi appelé tremblement essentiel, est une maladie neurologique qui provoque des tremblements dans différentes parties du corps, le plus souvent les bras, la tête et les cordes vocales. Elle se manifeste surtout après 50 ans, mais il arrive que des cas apparaissent dès l'enfance. On estime que plus de 10 millions d'Américains souffrent de cette maladie, soit dix fois plus que le nombre de personnes atteintes de parkinson. Le tremblement familial aurait une composante génétique, mais la cause exacte de ce trouble neurologique est encore inconnue.
«Comme il ne s'agit pas d'une maladie dégénérative grave, peu de chercheurs se sont penchés sur le sujet, souligne Frédéric Calon, responsable de l'étude parue dans Movement Disorders et aussi membre du Centre de recherche du CHU de Québec. Il s'agit tout de même d'un problème très embêtant pour les personnes qui en souffrent parce que les gestes simples de la vie quotidienne peuvent devenir très difficiles à exécuter.»
Le professeur Calon et ses collaborateurs ont eu recours à une banque de cerveaux constituée il y a plus de 40 ans par le professeur Ali Rajput de l'Université de la Saskatchewan pour tester l'hypothèse voulant que certaines protéines du cerveau soient surexprimées chez les personnes souffrant de tremblement familial. Les chercheurs ont concentré leur attention sur deux protéines, LINGO1 et LINGO2, qui, selon certaines études génétiques, pouvaient être liées à ce trouble du mouvement. Ils ont déterminé les concentrations de ces protéines dans le cervelet de 9 sujets atteints de tremblement familial, de 10 sujets parkinsoniens et de 16 sujets sains.
Leurs analyses révèlent que l'expression de LINGO1 est deux fois plus élevée dans le cortex du cervelet des personnes qui avaient souffert de tremblement familial que dans celui des sujets sains. Cette surexpression est plus prononcée chez les personnes qui ont vécu plus de 20 ans avec ce trouble. Ces différences ne sont pas observées chez les sujets parkinsoniens.
«D'autres études ont montré que LINGO1 freine la régénération neuronale après des dommages au cerveau ou à la moelle épinière, signale le professeur Calon. Nous pensons donc que l'inhibition de cette protéine est une avenue thérapeutique à explorer pour le tremblement essentiel.» Les médicaments présentement prescrits aux personnes atteintes de ce trouble neurologique ont été mis au point il y a une trentaine d'années et leur efficacité est limitée.
L'étude parue dans Movement Disorders est signée par Charlotte Delay, Cyntia Tremblay, Élodie Brochu, Sarah Paris-Robidas, Vincent Émond, Frédéric Calon et leurs collaborateurs Ali et Alex Rajput.