Une équipe de recherche internationale a testé les effets des bains chauds et des bains froids sur la récupération des fibres musculaires pour des sportifs de haut niveau. L'immersion en eau chaude montrait de meilleurs résultats, principalement pour la force explosive, un facteur déterminant de la performance.
«La chaleur va permettre d'accélérer la circulation sanguine, favorise la vasodilatation des vaisseaux pour amener plus de substrats aux fibres musculaires et leur permettre de récupérer plus vite. Le bain chaud permet aussi de relâcher les muscles et les tendons, ce qui accélère le processus», explique Abdellah Hassar, doctorant à la Faculté de médecine de l'Université Laval et l'un des auteurs de l'étude.
Il a entamé cette recherche alors qu'il était étudiant à la maîtrise à l'Université de Picardie Jules Verne, en France. Arrivé à l'Université Laval, il a sollicité l'aide du professeur François Billaut pour son expertise en physiologie de la performance. Ensemble, l'équipe a montré qu'un degré pouvait faire la différence. «Une immersion dans de l'eau à 40 ℃ par rapport à 41 ℃ n'avait pas les mêmes bénéfices. Le choc thermique n'était pas suffisant pour entrainer la récupération du muscle», souligne Abdellah Hassar.
Même si l'équipe a démontré que les bains froids n'étaient pas aussi efficaces pour les muscles, Abdellah Hassar mentionne ses bienfaits pour la récupération du système nerveux central, démontrés dans des études précédentes. «Le système nerveux central est surtout mis à profit pour les sports explosifs comme la course, le sprint, le lancer ou l'haltérophilie. Il doit être en très bon état et “frais”», ajoute le doctorant.
Jumeler les bains chauds et froids
Selon lui, l'idéal serait donc de combiner les bains chauds et les bains froids pour avoir des performances optimales. «Après des séances de haute intensité, on peut s'immerger dans l'eau chaude et, entre les blocs d'entrainement, lorsqu'on a un ou deux jours de repos, prendre un bain froid pour que le système nerveux récupère et soit prêt pour le prochain bloc. On pourrait aussi prendre un bain froid 72 heures avant une compétition et un bain chaud juste après», rapporte Abdellah Hassar.
Les bains chauds pourraient également être bénéfiques entre les épreuves. «Aux Olympiques, les athlètes pourraient faire une immersion entre la préqualification, la qualification et la finale pour accélérer la récupération à la suite des dommages que les muscles ont subis.»
Une solution alternative aux bains chauds est de réchauffer les muscules directement, avec des crèmes chauffantes par exemple. Abdellah Hassar souligne toutefois que l'eau est plus bénéfique. «Le fait d'entrer dans le bain crée une pression qui vient en quelque sorte masser le muscle, précise-t-il. C'est le même principe pour les bains froids où l'eau exerce une pression sur la peau, contrairement à la cryothérapie, qui utilise l'air froid.»
Étudiant-athlète du Rouge et Or dans le lancer du marteau, Abdellah Hassar met à profit les connaissances qu'il acquiert pour ses propres performances. «Je fais souvent des bains chauds après les entrainements et des bains froids avant les compétitions», raconte le jeune chercheur.
Pour l'étude, 30 jeunes hommes sportifs, principalement des étudiants, ont été observés. Ils devaient réaliser un entrainement pour fatiguer les jambes, puis étaient soumis à un bain chaud, froid ou tiède. «Nous avons ciblé un groupe musculaire, car fatiguer tout le corps aurait pris toute la journée», précise Abdellah Hassar avec un sourire.
Pour les bains chauds, les participants étaient immergés à partir de la taille jusqu'à ce que leur température corporelle atteigne entre 38,5 et 39°C pendant environ 25 minutes. Pour le bain tiède, à 36°C, le même temps d'immersion était utilisé. Le bain froid consistait en une immersion complète du corps, à partir du cou, dans de l'eau maintenue à une température de 11°C pendant 11 minutes.
Dans cette étude, l'objectif n'était pas de regarder la récupération musculaire en fonction du sexe, mais il pourrait y avoir des études futures sur les femmes. L'équipe de recherche souhaite également étudier ce qui se passe au niveau intracellulaire lors de l'immersion.
L'étude, publiée dans Medicine & Science in Sports & Exercise, a été signée par Benoît Sautillet, Nicolas Bourdillon, Grégoire P. Millet, François Billaut, Abdellah Hassar, Hicham Moufti, Saïd Ahmaïdi et Guillaume Costalat.