21 mai 2024
Asthme et MPOC: de grands avantages à dépister les cas non diagnostiqués et à éduquer les patients
Trop de personnes souffrent, à leur insu, d'asthme ou de maladie pulmonaire obstructive chronique. Dépister ces cas et éduquer les patients au sujet de leur maladie améliore leur qualité de vie et réduit le recours aux services de santé.
Dépister les cas non diagnostiqués d'asthme et de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et offrir aux patients un traitement incluant un volet éducatif pourrait améliorer la qualité de vie de ces malades tout en réduisant la facture des soins de santé. C'est ce que suggère une étude dont les résultats ont été publiés le 19 mai dans le New England Journal of Medicine par une équipe de recherche, dont font partie Louis-Philippe Boulet et Andréanne Côté, de la Faculté de médecine de l'Université Laval.
Entre 2017 et 2023, cette équipe a mené une enquête téléphonique qui leur a permis d'identifier 5631 personnes qui éprouvaient des problèmes respiratoires (toux, souffle court, respiration sifflante, production abondante de mucosités), mais qui n'avaient jamais reçu de diagnostic de maladies pulmonaires. Du nombre, 2857 personnes ont accepté de passer un test de spirométrie qui consiste à expulser le plus grand volume d'air possible en une seconde. Ce test a permis de déterminer que 595 de ces personnes, soit 21% de la cohorte, souffraient d'asthme ou de MPOC.
«Il se peut qu'une partie de ces personnes n'ait pas consulté de médecins parce qu'elles jugeaient que les symptômes dont elles souffraient étaient des problèmes respiratoires banals. Il se peut aussi qu'une autre partie de ces personnes ait vu un médecin, mais comme il arrive trop souvent, on leur a prescrit un traitement sans avoir effectué de test confirmant le diagnostic d'asthme ou de MPOC», explique la professeure Andréanne Côté, qui est également pneumologue et chercheuse au Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
L'équipe de recherche a ensuite demandé à 508 sujets de participer à la deuxième partie de l'étude. Ces personnes ont été subdivisées en deux groupes: les patients du premier groupe ont été orientés vers un médecin de famille qui leur a dispensé le traitement habituel pour ces problèmes respiratoires alors que les patients du second groupe ont profité d'un traitement, reposant sur les lignes directrices de soins préconisés pour l'asthme et le MPOC, dispensé par une équipe multidisciplinaire. «Les infirmières et les inhalothérapeutes de l'équipe étaient chargés de rencontrer les patients pour leur expliquer la nature de leur maladie, les bonnes habitudes de vie à adopter, comment faire un bon usage de leur pompe et la façon de gérer les périodes d'exacerbation de leur maladie en plus de leur offrir un soutien pour la cessation tabagique», précise la professeure Côté.
Dans l'année qui a suivi, il y a eu deux fois moins d'utilisation de services médicaux – consultations médicales et hospitalisations – par les sujets du groupe ayant reçu de l'éducation que par ceux du groupe ayant suivi le traitement habituel. Par ailleurs, les sujets des deux groupes ont connu des améliorations au chapitre de la qualité de vie et des capacités fonctionnelles de leurs poumons, mais ces bénéfices ont été nettement plus marqués chez les sujets du groupe ayant reçu de l'éducation.
«Notre étude livre deux messages, résume la professeure Côté. Le premier est que si vous avez des symptômes qui correspondent à ceux de l'asthme ou du MPOC, il vaut la peine de consulter parce qu'une intervention peut modifier la trajectoire de la maladie et améliorer votre qualité de vie. Le second est que le volet éducatif produit des bénéfices substantiels tant pour les patients que pour le système de santé. L'intervention éducative exige entre 60 et 90 minutes par patient. Son coût est vite rentabilisé quand on considère qu'une hospitalisation pour une MPOC peut coûter entre 10 000$ et 15 000$. Idéalement, le diagnostic par spirométrie et l'intervention éducative pourraient être faits en première ligne, par les médecins de famille et leur équipe.»