17 janvier 2024
Infections respiratoires: mieux trier les patients pour soulager la pression sur les urgences
Il n'existe aucun outil fiable pour prédire si les personnes présentant des symptômes d'allure grippale vont développer des complications. Des chercheurs ont entrepris d'en créer un pour faciliter le triage des patients à l'urgence.
Passer des heures dans une salle d'attente bondée pour finalement se faire dire de retourner chez soi, de boire beaucoup d'eau, de prendre des Tylenol et de se reposer est le lot de bien des patients qui se présentent à l'urgence avec des symptômes d'allure grippale. Des chercheurs croient qu'il y aurait moyen de leur éviter cette pénible et inutile attente si les infirmières responsables du triage disposaient d'un outil permettant d'identifier correctement les patients qui sont à risque de complications et ceux chez qui l'infection respiratoire se résorbera sans séquelles après quelques jours. Une étude publiée récemment par ces chercheurs a révélé que parmi les outils existants pour prédire ce risque, aucun n'est encore assez fiable pour être utilisé en contexte clinique. Qu'à cela ne tienne, ils ont entrepris d'en concevoir un.
«Un tel outil prédictif contribuerait à soulager la pression exercée sur les urgences pendant la saison des infections respiratoires. Les patients qui ne sont pas à risque de complications n'auraient pas à attendre inutilement pendant des heures, alors que les patients à risque de complications pourraient être vus plus rapidement par un médecin», fait valoir le responsable de l'étude, Simon Berthelot, professeur à la Faculté de médecine de l'Université Laval, chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval et médecin à l'urgence du CHUL.
L'équipe du professeur Berthelot a effectué une revue systématique des études ayant testé l'efficacité d'outils prédictifs pour prédire le risque de complications chez les patients ambulatoires qui s'étaient présentés aux urgences avec des symptômes s'apparentant à la grippe. Au terme de l'exercice, ils ont examiné en détail 12 études qui avaient évalué 14 outils. Trois de ces outils montrent un potentiel intéressant, mais pas assez pour qu'on y ait recours en clinique, rapportent les chercheurs dans une étude publiée par la revue scientifique Heliyon.
Le professeur Berthelot et des collègues de trois autres centres hospitaliers du Québec ont donc entrepris de créer leur propre outil prédictif. Pour ce faire, ils ont réalisé une étude portant sur 1200 patients qui s'étaient présentés aux urgences avec des symptômes s'apparentant à la grippe.
«Certains de ces patients ont été retournés chez eux, d'autres ont été vus par un médecin avant d'être libérés et d'autres ont été hospitalisés. Nous savons comment l'infection respiratoire a évolué chez chacun d'eux. Ces données devraient nous permettre de cerner les caractéristiques qui peuvent être utilisées pour déterminer correctement le risque de complications chez ces patients», résume le professeur Berthelot.
Une première version de cet outil devrait être achevée d'ici deux mois, poursuit-il. L'outil devra ensuite être mis à l'épreuve sur le terrain dans le cadre d'une étude multicentrique canadienne. «Les infirmières responsables du triage aux urgences ont déjà une charge de travail très élevée, souligne-t-il. Pour que l'outil soit adopté en milieu clinique, il faudra qu'il soit à la fois fiable et facile d'usage.»